Par Pascale Juilliard
Les personnes handicapées fondent de grands espoirs sur les JO de Paris en 2024 pour favoriser une meilleure accessibilité des transports et notamment du métro, qui leur est largement fermé avec ses volées de marches et rares ascenseurs. "Les JO sont une opportunité de progresser qui ne va pas se représenter de si tôt", a souligné auprès de l'AFP Nicolas Mérille, un représentant de APF France handicap et du Collectif pour une France accessible, avant la Journée mondiale de l'accessibilité du 30 avril.
Rien pour le métro historique
Des aménagements sont d'ores et déjà prévus pour faciliter les déplacements des personnes en fauteuil roulant, âgées ou avec des poussettes : les futures lignes de métro du Grand Paris Express, attendues à partir de 2024, doivent être complétement accessibles, souligne Laurent Probst, directeur général d'IDF Mobilités. Mais "aucun projet de mise en accessibilité des stations du réseau de métro historique n'est prévu", regrettaient le président de l'APF Alain Rochon et la présidente du comité paralympique (CPSF), Emmanuelle Assmann, dans une lettre au Premier ministre Edouard Philippe en octobre 2017. "Compte tenu de l'ancienneté du réseau, les travaux sont en effet jugés trop complexes, trop chers et non prioritaires". Seules les neuf stations de la ligne 14, la plus récente, sont accessibles, soit 3 % des stations de métro.
Le cas de Londres
La capitale française pâlit de la comparaison avec Londres, où le maire Sadiq Khan a annoncé fin 2016 un investissement de 200 millions de livres, pour porter de 26 % à 40 % en 2022 la proportion de stations accessibles. Outre-Manche, "il a fallu la conjonction de deux facteurs : la mobilisation des associations, qui ont organisé des manifestations, et le coup de booster d'être ville organisatrice des JO en 2012", souligne M. Mérille. Moins dense que celui de Paris, le métro londonien est aussi beaucoup plus étendu jusqu'à la grande banlieue, et comporte un nombre important de stations aériennes, plus faciles à aménager.
27 % de stations accessibles en 2024
A Paris, une étude réalisée il y a quelques années par la RATP avait conclu qu'il n'était pas possible de réaliser un "réseau noyau" accessible, en raison des complexités techniques liées à l'ancienneté et à la densité du réseau. De strictes normes de sécurité, notamment incendie, doivent en outre être respectées. Une autre étude a été lancée en prévision des JO mais ses résultats n'ont pas été rendus publics. L'ensemble du réseau de bus et de tramway est en revanche accessible aux personnes handicapées, ainsi que 63 des 65 gares des lignes RER exploitées par la RATP, fait valoir Marie-Christine Raoult, responsable de la mission accessibilité à la Régie. "Si on compte la ligne 14 du métro, les gares RER et les 3 stations d'Orlyval, on arrive à 20 % de stations et gares accessibles", pourcentage qui va passer à 27 % en 2024, estime-t-elle.
Les nouvelles lignes au top
A l'initiative du Sénat, la loi olympique intègre une simplification des procédures de consultation publique pour la mise en accessibilité des métros parisien et marseillais. Dans le métro historique, "on ne peut pas faire en six ans et demi ce qui n'a pas été fait en 100 ans", souligne Lambis Konstantinidis, responsable des sujets paralympiques à Paris 2024. "Nous travaillons plutôt à faciliter l'accès à l'information" sur ce qui a été fait par la RATP et SNCF, par exemple pour les personnes ayant un handicap sensoriel ou cognitif (signalétique sonore et visuelle, bandes en relief au sol ...). D'ici à 2024, plusieurs lignes du métro parisien doivent être prolongées (4, 11, 12 et 14) et toutes les stations nouvelles seront accessibles. Des travaux sont aussi prévus dans certaines stations anciennes en bout de ces lignes.
En ce qui concerne le réseau Transilien et RER, "on a mis un gros coup d'accélérateur", assure Laurent Probst. Le schéma directeur prévoit que "268 gares seront accessibles en 2024" en Ile-de-France - dont plus de 200 côté SNCF - contre 146 actuellement, concernant "95 % du trafic voyageurs".