Pierre 1-0 Diabète. « Pierre ne le sait pas forcément mais, en choisissant les escaliers plutôt que l'escalator, il vient de marquer un point contre le diabète », révèle la nouvelle campagne de sensibilisation de la Fédération française des diabétiques (FFD). En effet, une activité physique régulière diminue de 30 à 50 % la survenue du type 2 de cette maladie chronique. 30 minutes par jour, c'est le temps quotidien minimum recommandé pour garder la forme. Or 95 % de la population française adulte est exposée à un risque de détérioration de sa santé par manque d'activité physique, privilégiant un temps trop long assis ou couché. Alors, comment changer nos habitudes ? La FFD donne des pistes à l'occasion de la semaine nationale de prévention dédiée à cette pathologie caractérisée par la présence d'un excès de sucre dans le sang, du 2 au 9 juin 2023.
Des activités simples pour prévenir
« En cette année de Coupe du monde de rugby et de préparation des Jeux olympiques, il nous a paru logique de mettre en parallèle ces évènements sportifs avec l'utilité pour tous d'une activité physique, sans forcément l'associer à l'exploit physique mais avec l'optique d'avoir un bienfait réel sur la santé », explique Georges Petit, président de la FFD. Mais qui dit activité physique ne dit pas forcément sport ! Elle regroupe « tous les mouvements corporels qui requièrent une dépense d'énergie et désigne tous les gestes que l'on effectue dans le cadre des loisirs, sur le lieu de travail ou pour se déplacer d'un endroit à un autre », définit la fédération. Ainsi, il ne s'agit pas de courir un marathon ou de soulever des poids de 40 kilos. Des activités, même à faible intensité, telles que faire les poussières, jardiner ou encore danser, marcher, faire du vélo sont faciles à mettre en place et peuvent participer à un mieux-être au quotidien. Même si, dans l'idéal, Boris Hansel, professeur des universités en nutrition et endocrinologue, recommande deux à trois séances de renforcement musculaire par semaine, cumulées à des activités d'endurance et d'assouplissement. « Essayez d'éviter de faire moins de sept heures d'activités sédentaires par jour, avec des breaks d'au moins une minute toutes les heures », conseille-t-il.
Un traitement peu onéreux et efficace
Pour les personnes atteintes d'un diabète de type 2, « l'activité est partie intégrante du traitement, au même titre qu'une alimentation équilibrée et des médicaments, permettant une meilleure gestion de la glycémie et contribuant à la prévention des complications », insiste la FFD. Concrètement, lors d'un effort, même faible, les cellules vont davantage utiliser le sucre circulant dans le sang et ainsi baisser la glycémie. Impact majeur ? Diminution du risque de mortalité toutes causes confondues, de maladies cardiovasculaires et d'hypertension artérielle, aide au maintien ou à la perte de poids ou encore réduction du périmètre abdominal. Une activité physique adaptée, pratiquée en autonomie ou encadrée par des professionnels, peut ainsi être prescrite par son médecin généraliste. « Une thérapeutique peu onéreuse et qui fait beaucoup de bien », assure Jean-François Thébaut, vice-président de la FFD.
Des programmes adaptés
En parallèle, le programme Sophia, proposé par l'Assurance maladie, guide plus de 800 000 adhérents, soit un tiers des diabétiques qu'elle a pu identifier. Ce dispositif propose « un parcours multicanal » (via courrier, mail, téléphone, portail à destination des patients) pour favoriser la reprise d'une activité physique. Il offre notamment « un livret repère 'Bouger c'est la santé' et des mémos santé (qui visent notamment à préparer la consultation avec son médecin), adressés à la suite d'un échange avec un infirmier conseiller », développe le Dr Catherine Grenier, directrice des assurés à la Caisse nationale d'Assurance maladie (CNAM). De son côté, l'association Siel Bleu accompagne près de 200 000 « personnes en fragilité » à la reprise d'une activité physique (handicapées, malades ou âgées) grâce à 800 professionnels de l'activité adaptée. En proposant des séances à domicile, des cours collectifs en présentiel ou en distanciel, ce programme entend donner la possibilité à chacun, quels que soient ses capacités, son lieu de vie et sa situation financière, d'améliorer sa santé physique mais aussi mentale, en réduisant l'isolement et en boostant la confiance en soi.
FINDRISC : un autotest de moins de 5 minutes
Première cause de cécité, d'amputation et de dialyse, le diabète toucherait 537 millions d'adultes dans le monde, selon la Fédération internationale dédiée. Un chiffre en constante augmentation qui pourrait atteindre 783 millions en 2045. En France, avec une prévalence de 6,13 %, cette « épidémie silencieuse » touche particulièrement les hommes, les jeunes de moins de 20 ans et les personnes âgées de plus de 80 ans. Plus de 4 millions de Français sont concernés et 700 000 autres seraient porteurs de la maladie sans le savoir. Face à ce constat, un mot d'ordre : « Testez-vous ! ». Se voulant « simple et rapide », le test FINDRISC, recommandé par la Haute autorité de santé (HAS), entend, en huit questions et moins de cinq minutes, évaluer le risque de développer un diabète. « Néanmoins, il ne constitue en aucun cas un diagnostic », prévient le Pr Jean-François Gautier, endocrinologue et diabétologue, qui incite, dans un second temps, à consulter un médecin généraliste.
300 actions pour se mettre en mouvement
Tout au long de la semaine, la FFD met au défi les Français d'être moins sédentaires. 200 à 300 actions sont organisées à travers le territoire, visant à sensibiliser sur les facteurs de risque, repérer les personnes à risque de diabète de type 2 et les orienter vers un pharmacien ou leur médecin généraliste. En parallèle, via une série de sept vidéos diffusées sur la chaîne YouTube de la FFD, des coachs sportifs certifiés livrent des conseils pratiques pour se remettre à l'activité physique, que l'on soit diabétique ou non. Au sommaire : réaliser des steps (vidéo ci-dessus), renforcer le haut du corps à l'aide d'élastiques, travailler le bas du corps, étirer les muscles profonds et effectuer un tirage horizontal… Et même essuyer la vaisselle sur une jambe ! Rendez-vous en 2024 car, « pour marquer les esprits et consolider les actions dans le temps », le thème de la semaine nationale de prévention sera identique.