Pierre Richard : un film tendre et absurde sur l'autisme

Pierre Richard de retour avec une fable drôle et décalée. Un ermite, un jeune homme autiste et un ours égaré : un trio inattendu pour interroger la place accordée à la différence. "L'homme qui a vu l'ours qui a vu l'homme" en salles le 17 septembre.

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Et si la différence devenait notre meilleure boussole ? Avec son nouveau film, L'homme qui a vu l'ours qui a vu l'homme (bande-annonce ci-contre), Pierre Richard signe son grand retour derrière la caméra à 91 ans, après 27 ans d'absence. Cette comédie tendre, en salles le 17 septembre 2025 après avoir fait vibrer la sélection officielle du Festival de Cannes, raconte la rencontre inattendue entre un ermite bourru, un jeune homme autiste et un ours échappé d'un cirque. À travers ce trio insolite, le réalisateur mêle humour burlesque et réflexion sur notre rapport à la différence.

L'autisme dépeint avec authenticité et sans pathos

Au cœur de l'histoire, Michel (interprété par Noah Benzaquen), un jeune homme vivant avec le syndrome d'Asperger, observe le monde avec une logique propre et une sensibilité singulière. Ses interactions, souvent perçues comme décalées, mettent en lumière les contradictions et absurdités des conventions sociales. Le personnage n'est jamais caricaturé ni réduit à son diagnostic : il est montré dans sa complexité, avec ses fragilités mais aussi sa justesse. À travers lui, le film propose une autre grille de lecture du quotidien, dépourvue de faux-semblants et profondément humaine.

Le traitement de l'autisme se distingue par sa sobriété. Loin des clichés souvent véhiculés à l'écran, Michel est présenté comme un individu à part entière, dont la singularité éclaire la relation aux autres. Le film ne cherche pas à donner de leçon mais à montrer que ce regard différent peut ouvrir des voies inattendues, pour peu qu'on accepte de l'écouter.

Un duo touchant que tout oppose

Face à Michel, Grégoire (incarné par Pierre Richard) a choisi de s'isoler pour fuir les tumultes du monde contemporain. Leur rencontre, catalysée par l'arrivée de l'ours, fait naître une complicité inattendue entre deux marginaux que tout oppose en apparence : l'un s'est retiré volontairement, l'autre subit une forme d'exclusion sociale. Ensemble, ils composent un duo tendre et décalé, reflet de la richesse qui peut naître lorsque des différences s'assemblent au lieu de s'ignorer ou de se stigmatiser.

L'humour pour tacler l'exclusion

Fidèle à son univers burlesque, Pierre Richard jongle entre gags visuels, quiproquos et situations absurdes. Mais derrière le rire, le film dénonce avec légèreté les réflexes d'exclusion et l'obsession des normes qui traversent nos sociétés. L'ours, figure d'altérité radicale, devient le révélateur de ces tensions : qui est réellement « sauvage » ? Celui qui sort des cadres établis ou celui qui s'y accroche trop fermement ?

Une fable contemporaine sur la marginalité

Plus qu'une simple comédie, L'homme qui a vu l'ours qui a vu l'homme s'impose comme une fable contemporaine sur la différence et la marginalité. À travers ce trio insolite, Pierre Richard met en scène nos contradictions : fascination pour l'altérité et réticence dès qu'elle bouscule notre « confort » quotidien. L'ouverture à la différence demeure une question brûlante, à laquelle chacun est invité à réfléchir en sortant de la salle.

© Capture d'écran du film

Michel et Grégoire parlent, assis sur la coque d’un bateau.
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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Cassandre Rogeret, journaliste Handicap.fr"
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