Dans les couloirs du Conservatoire national supérieur de musique de Paris, dans le 19e arrondissement, on a coutume de l'appeler « le violoncelliste à sept doigts ». Soni Siecinski, 23 ans, est un musicien hors normes.
Enfant prodige
Né avec une agénésie ou malformation de la main gauche, il ne dispose que d'un petit doigt, d'un pouce et d'une demie-paume. Un handicap qui ne l'empêche pas de s'adonner à sa passion pour la musique. Malgré les craintes de ses professeurs, l'enfant prodige, détenteur de l'oreille absolue, persiste et signe. Il fait d'abord ses gammes au piano puis à la trompette, avant de jeter son dévolu sur le violoncelle, qui n'est pourtant pas l'instrument le plus simple. Mais Soni a le goût du challenge.
Le système D
Pour pouvoir jouer, lui et son père redoublent d'inventivité. D'abord, ils fixent sa main à l'archet avec du simple scotch. Puis ils imaginent un gant en plastique thermoformé, accroché à son archet. Aujourd'hui encore, Soni s'entraîne avec ce système qui fonctionne et qu'il aimerait développer à plus grande échelle. Dans l'étui qu'il transporte sur son dos, se cache un violoncelle, lui aussi, hors-normes. La réplique de son « Guarneri » est une pièce unique, tant par le style, aux sonorités particulières, que par la façon dont elle a été montée, à l'envers. Il a pu se la procurer grâce à l'entremise du fonds de dotation « Talents & Violon'celles » qui soutient des jeunes musiciens.
Démocratiser les aides techniques
C'est grâce à cet outil sur-mesure et sa persévérance que Soni a pu intégrer le Conservatoire national supérieur de musique de Paris, le Graal des musiciens. Désormais, il souhaite accompagner d'autres apprentis en situation de handicap. Son objectif ? Essaimer sa solution, démocratiser les aides techniques et changer les mentalités sur le handicap dans le milieu musical. « Comme les sportifs. Il y a encore cinquante ans, le handisport n'existait pas. Aujourd'hui, il y a plein de choses qui sont organisées partout dans le monde », affirme Soni.