« La CAF a pris du retard dans le traitement des dossiers depuis dix-huit mois », a récemment concédé le directeur général de la CAF, Nicolas Grivel. Plusieurs prestations sociales sont impactées : revenu de solidarité active (RSA), allocations logement (APL), allocations familiales, voire les pensions alimentaires puisque la CAF peut désormais servir d'intermédiaire. L'allocation aux adultes handicapés (AAH) est, elle aussi, concernée. « J'ai déposé un dossier d'allocations logement fin janvier et je n'ai toujours pas de nouvelles » ; à l'instar d'Emma, journaliste de 27 ans qui attend depuis son déménagement, certains allocataires tardent donc à toucher leurs prestations. Nicolas Grivel assure donner la « priorité aux minima sociaux, comme le RSA et l'AAH, avec une réponse en moins de quinze jours ».
Pour quelles raisons ?
Quelle est la raison de cette confusion, qui varie d'ailleurs d'une caisse à l'autre ? La Cnaf évoque des difficultés liées à des anomalies informatiques suite à la mise en place, début 2021, de la réforme des aides au logement, qui permet leur calcul à partir des revenus actuels du bénéficiaire et non plus ceux remontant à deux ans. Frédéric Neau, secrétaire adjoint de la section fédérale FO des organismes sociaux, fait également valoir des «réductions d'effectifs», avec la prévision de 2 100 suppressions de CDI sur la période 2018-22 pour un total de 36 000 agents. Des associations évoquent à leur tour des contrôles resserrés pour éviter les fraudes, occasionnant des suspensions de versements si le dossier comporte des incohérences. « Les dossiers simples, pour lesquels nous avons toutes les pièces, sont traités rapidement », assure ainsi M. Grivel. Mais d'autres plus compliqués ont plusieurs mois de retard, parce qu'ils « demandent plus de temps, une analyse, des échanges, une interaction », relève-t-il. Pour rattraper ces retards, l'accueil du public est fermé dans certaines caisses un jour ou un après-midi par semaine. D'où l'inquiétude de certains allocataires qui peinent à obtenir des réponses, malgré le développement des rendez-vous téléphoniques ou par visio.
Vers un versement à la source ?
La Cnaf assure être dans une « phase plutôt positive d'amélioration du délai de traitement ». Si des retards ont lieu lors de l'ouverture des dossiers, les prestations sont versées régulièrement une fois qu'il est en ordre, rassure Nicolas Grivel. Si l'instruction du dossier a pris du retard, les versements seront rétroactifs. Le projet de versement « à la source » évoqué par Emmanuel Macron durant la campagne électorale permettrait de verser à chacun les aides auxquelles il a droit, sans avoir à multiplier les démarches. Et surtout sans y renoncer par lassitude ou ignorance.