Covid: la 1ère personne handicapée en établissement vaccinée

Le 11 janvier 2021, lancement officiel de la campagne vaccinale des personnes handicapées accueillies en MAS et FAM dans un établissement de l'Yonne. En France, 60 000 résidents sont concernés, ainsi que certains personnels.

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« On va la faire, la piqûre ! »… Comme Mauricette avant lui, Jacques, 63 ans, est le premier résident « en situation de handicap » à être vacciné en France, officiellement. Ça se passe le 11 janvier 2021, sous le regard de Sophie Cluzel, secrétaire d'Etat au Handicap. Alain Marault (en photo), 71 ans, le suit dans la foulée, déclarant : « Même pas mal. C'est comme celle de la grippe ».

60 000 résidents concernés

La vaccination des 60 000 adultes handicapés accueillis en établissements spécialisés de type FAM (Foyer d'accueil médicalisé) et MAS (Maison d'accueil spécialisée), quel que soit leur âge, est désormais ouverte, ainsi que celle des professionnels de plus de 50 ans, ou de moins de 50 ans ayant des comorbidités, qui les accompagnent, a annoncé Jean Castex le 7 janvier 2021 (article en lien ci-dessous). A l'origine prévues seulement en phase 3 de vaccination (qui en compte cinq sur toute l'année 2021 selon le calendrier validé par la Haute autorité de santé), elles peuvent désormais être incluses dans la phase 1 au même titre que les personnes âgées accueillies en établissement et, à compter du 18 janvier, celles de 75 ans et plus. C'est d'ailleurs au sein de l'unité dédiée aux personnes handicapées vieillissantes de l'Ehpad « Les Trois Vallées » de Montholon (Yonne), géré par la Croix-Rouge française qu'a lieu cette « première ». Sophie Cluzel dit avoir plaidé auprès du Premier ministre et du Président de la République pour « enjamber cette problématique de l'âge » en permettant aux personnes en « situation de faiblesse » d'accéder plus rapidement au vaccin. « La question de la vaccination des personnes en situation de handicap a un peu tardé, explique de son côté l'APAJH, mais, suite aux demandes des associations, les différentes agences régionales de santé commencent à diffuser les protocoles aux établissements concernés par cette première phase ».

Recueil de consentement

« L'information a été donnée par nos trois médecins et les recueils de consentement réalisés par l'équipe infirmière dès la mi-décembre 2020 », explique Joëlle Marmouset, directrice de la structure yonnaise, assurant que les résidents sont « très au fait de cette actualité ». Même démarche auprès des familles qui, faisant face à de « nombreux questionnements », notamment sur les effets secondaires, ont abordé ces questions au sein du conseil de la vie sociale (CVS). Même s'ils sont « minimes », assure la direction, certains refus s'avèrent néanmoins catégoriques. D'autres se laissent le temps de la réflexion en attendant l'une des quatre séances prévues dans les semaines à venir. « Pour les personnes qui, sous tutelle, ne sont pas en mesure d'exprimer leur volonté, nous attendons l'avis du juge des tutelles », ajoute Joëlle Marmouset. La validation du consentement est réitérée juste avant l'injection.

Un document en FALC

Le secrétariat d'Etat au Handicap a produit un document en FALC (facile à lire et à comprendre) qui, illustré de pictogrammes et dessins, facilite la compréhension du processus de vaccination « afin d'informer des personnes parfois un peu éloignées de la prévention », défend Sophie Cluzel. Il est diffusé en ligne sur le site handicap.gouv.fr (en lien ci-dessous) et auprès des organismes gestionnaires. Jacques, pourtant dubitatif au début, dit avoir « réfléchi » et affirme que la « vaccination est nécessaire » ; en tant que président du CVS, il a voulu « montrer l'exemple » et encourage « tous les résidents à le faire ». « Comme ça, je ne risque pas de problème de santé », ajoute-t-il, avant de conclure « Je suis piqué mais pas timbré ». Pour le moment, sept résidents sur treize accueillis dans cette unité ont donné leur feu vert. C'est finalement du côté des soignants que les réticences semblent les plus grandes, une infirmière témoignant de sa « crainte sur la sécurité du vaccin à long terme ». Sur 25 d'entre eux, seuls sept se sont pour le moment portés volontaires. Sophie Cluzel dit « croire à la contagion positive ». Un petit espace « vaccination » a été aménagé dans la salle commune, prévoyant un chariot d'urgence pour faire face aux effets secondaires éventuels, notamment une réaction allergique. Le résident est ensuite placé sous surveillance durant une vingtaine de minutes. Un rappel doit être fait d'ici trois à six semaines.

Et pour les personnes à domicile ?

Sophie Cluzel assure que les personnes handicapées, notamment vieillissantes, sont la « priorité du gouvernement » qui entend « protéger ceux qui ont un risque de développer une forme grave ». Dans ce contexte, des voix se font donc entendre qui réclament le même traitement de faveur pour celles hébergées « à domicile ». Une revendication portée par les associations, à l'instar de SOS autisme, mais également par certains particuliers. C'est le cas d'un habitant de Reims de 55 ans atteint d'un syndrome de dégénération musculaire et de diabète, vivant sous respiration artificielle, qui a fait un référé-liberté pour demander à être vacciné en urgence. Il a été débouté par le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne (article en lien ci-dessous).

Interrogée à ce sujet, Sophie Cluzel dit avoir « saisi la Haute autorité de santé pour identifier celles qui sont le plus à risque », par exemple les personnes avec trisomie 21 (article en lien ci-dessous) ou encore autistes lorsqu'elles ont des comorbidités ou s'exposent parce qu'elles ne supportent pas le masque. D'autres encore… « Petit à petit, après les FAM et les MAS, nous allons aller vers les personnes qui ne peuvent pas se déplacer », promet-elle. Promesse en partie tenue... Le 14 janvier, Jean Castex annonce en effet l'ouverture de la vaccination contre la Covid-19 aux Français présentant des pathologies à très haut risque d'hospitalisation ou de décès, à partir du 18 janvier. Il s'agit des personnes souffrant d'insuffisance rénale, celles ayant été transplantées, étant sous traitement pour un cancer ou encore celles porteuses de trisomie 21 (article complet en lien ci-dessous). 800 000 patients seraient concernés. 

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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Emmanuelle Dal'Secco, journaliste Handicap.fr"
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