DERNIERE MINUTE DU 4 JUILLET 2022
Damien Abad ne fera pas partie du nouveau gouvernement. Le ministre des Solidarités, de l'autonomie et des personnes handicapées, visé par une enquête pour tentative de viol (article en lien ci-dessous), a été écarté du pouvoir. C'est Jean-Christophe Combe, patron de la Croix-rouge française, qui le remplace à cette focntion tandis que Geneviève Darrieussecq est nommée ministre déléguée aux Personnes handicapées (article en lien ci-dessous).
ARTICLE INITIAL DU 24 MAI 2022
A la suite d'un article paru dans Mediapart, l'Affaire Abad n'en finit pas d'occuper la scène médiatique depuis sa nomination en tant que ministre des Solidarités, de l'Autonomie et des Personnes handicapées au sein du gouvernement Borne (article en lien ci-dessous). Deux femmes l'accusent de viol en 2010 et 2011, dont Margaux. "Beaucoup de gens étaient au courant", affirme cette ancienne militante centriste de 35 ans, mais certains "préféraient regarder ailleurs plutôt que d'en demander plus". Le parquet de Paris a confirmé "qu'une première plainte déposée pour des faits de viol a été classée sans suite le 6 avril 2012", et qu'une "deuxième plainte déposée par la même plaignante pour les mêmes faits a été classée sans suite le 5 décembre 2017, après une enquête préliminaire, faute d'infraction suffisamment caractérisée".
Face à cette flambée, Damien Abad tente de faire entendre : "Je n'ai jamais violé une seule femme de ma vie". "Un homme innocent doit-il démissionner ? Je ne crois pas", a martelé l'ex-chef des députés LR, 42 ans, entré au gouvernement, depuis la circonscription de l'Ain où il est candidat à sa réélection aux législatives de juin. "Je conteste les accusations à mon encontre avec la plus grand fermeté", a-t-il répété, dénonçant, dans le quotidien régional Le Progrès, un "voyeurisme malsain".
Impossible à cause de son handicap ?
Damien Abad s'est retranché derrière son handicap physique pour expliquer que les accusations portées contre lui étaient impossibles. Il est atteint d'une maladie rare, l'arthrogrypose, qui bloque ses articulations et réduit sa mobilité (article en lien ci-dessous). "L'acte sexuel ne peut survenir qu'avec l'assistance et la bienveillance de ma partenaire", ajoute celui qui fut en 2012 le premier élu avec un handicap reconnu à siéger à l'Assemblée. Son discours a été renforcé par le témoignage de son ancienne aide-soignante, lorsqu'il était député européen il y a dix ans. Elle estime que son handicap ne lui permettrait pas d'avoir des relations sexuelles sans consentement. Mais cette déclaration a fait réagir des personnalités du monde du handicap, laissant entendre qu'un viol est forcément corrélé à l'expression de la violence physique, dont seuls les « valides » seraient capables. Cette affaire soulève plusieurs tabous : la violence sexuelle dans le milieu politique, la sexualité des personnes handicapées et les violences sexuelles lorsqu'elles sont commises par une personne en situation de handicap.
Des appels à la démission… ou pas !
Damien Abad a souligné dans Le Figaro que les législatives des 12 et 19 juin seraient le "juge de paix". La polémique autour de la seule recrue de taille de la Macronie à droite depuis la réélection d'Emmanuel Macron le 24 avril, a plombé l'ambiance au premier Conseil des ministres du quinquennat Macron II. Alors que les appels à sa démission se multiplient dans l'opposition, l'exécutif s'est refusé à céder à la pression et à lâcher son ministre. "La justice est la seule à devoir ou à pouvoir trancher", a déclaré la nouvelle porte-parole du gouvernement, Olivia Grégoire, estimant qu'il lui revenait d'"établir la vérité" tout en rappelant la "tolérance zéro" du chef de l'Etat et de la Première ministre pour les délinquants sexuels. Le secrétaire national du PS Olivier Faure a d'ores et déjà invité la Première ministre à se séparer de son ministre car "la parole des femmes doit être respectée". "Le simple fait d'avoir de manière récurrente un comportement inapproprié avec les femmes devrait vous écarter d'un poste, en l'occurrence de ministre", a estimé Marine Le Pen. A l'inverse, faisant valoir la règle de la présomption d'innocence, "Tant qu'il n'y a pas procédure de justice, il ne faut pas démissionner", a fait valoir Jean-Pierre Raffarin, ancien ministre et soutien d'Emmanuel Macron. Le lancement d'une procédure ou une décision de justice sont les seuls éléments pouvant remettre en cause la nomination de Damien Abad à la tête d'un ministère a-t-il assuré sur Europe 1.
De nouveaux éléments en cours d'analyse
La Première ministre, Elisabeth Borne, a assuré de son côté ne "pas avoir été au courant" de ces affaires lors de la composition de son gouvernement. "Je peux vous assurer que s'il y a de nouveaux éléments, si la justice est à nouveau saisie, on tirera toutes les conséquences de cette décision", a-t-elle ajouté, affirmant qu'il ne pouvait y avoir "aucune impunité" concernant les violences sexuelles. De son côté, déterminé à rester "maître des horloges" à l'approche des législatives et à ne pas se laisser déborder par cette polémique, le chef de l'Etat s'est attaché à tracer le cap de la nouvelle équipe gouvernementale. L'entourage d'Emmanuel Macron a pourtant reconnu avoir eu connaissance de la plainte déposée contre Damien Abad et classée sans suite en 2017 avant de le nommer ministre des Solidarités, en précisant toutefois ne pas avoir été au fait des détails de l'affaire et des actes reprochés au député.
Cette situation restera-t-elle "tenable" pour Damien Abad ? Le parquet de Paris a confirmé avoir "été destinataire le 20 mai d'un signalement émanant de l'Observatoire des violences sexistes et sexuelles", créé en février par des féministes à l'origine du mouvement #MeTooPolitique. Mais, le 25 mai, il fait savoir "qu'en l'état", il "ne donne pas de suite à ce courrier faute d'élément permettant d'identifier la victime des faits dénoncés et, dès lors, faute de possibilité de procéder à son audition circonstanciée". Affaire à suivre…