Durant le confinement, les violences conjugales en hausse

Les violences conjugales durant le 1er confinement ont bondi tandis que les féminicides étaient, eux, à la baisse. Celles handicapées ne sont pas épargnées. Un an après le Grenelle dédié, le gouvernement présentera le 25 novembre un nouveau bilan.

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Par Jessica Lopez

Un an après la conclusion du Grenelle contre les violences conjugales, près de la moitié des mesures annoncées sont effectives cet automne, selon le gouvernement qui doit présenter le 25 novembre 2020, à l'occasion de la Journée internationale pour l'élimination de la violence faite aux femmes, un nouveau bilan. Mais le confinement décrété cette année a eu un effet aggravant sur les violences subies par les femmes et leurs enfants. Un risque qui serait démultiplié pour les femmes en situation de handicap, selon une étude publiée par la Dress (Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques) en juillet 2020 (articles en lien ci-dessous). Selon les données de la permanence téléphonique « Ecoute violences femmes handicapées » (01 40 47 06 06), 35 % de celles signalées auraient lieu au sein du couple, commises par le conjoint, et 60 % interviennent au domicile. Ce peuvent être à la fois des violences psychologiques, majoritairement, et physiques ou sexuelles.

Mesures réalisées

Selon le ministère délégué à l'Egalité, en octobre, 23 mesures annoncées lors du Grenelle (article en lien ci-dessous) avaient été réalisées sur les 46 annoncées, 20 étaient en cours de réalisation et trois n'étaient pas encore construites. Parmi les mesures effectives : le déploiement depuis septembre des premiers bracelets anti-rapprochement pour tenir les conjoints ou ex-conjoints violents à distance, la création de 16 centres régionaux de suivi et de prise en charge des auteurs de violences, la signature de 46 conventions pour permettre les prises de plaintes à l'hôpital et la mise en place de "retour d'expérience" (retex) après chaque féminicide entre les professionnels concernés. Les 1 000 places d'hébergement d'urgence promises pour les femmes devant fuir leur domicile ont été attribuées, assure le cabinet de la ministre Elisabeth Moreno, qui a toutefois entamé un recensement détaillé. Le gouvernement a annoncé en septembre la création de 1 000 nouvelles places en
2021.

Mesures manquantes

Le déploiement de centres de ressources régionaux pour accompagner les femmes handicapées, l'actualisation -en intégrant la problématique des violences conjugales- d'un guide de l'égalité professionnelle à destination des TPE-PME et la formation aux violences conjugales des professionnels en addictologie sont les trois mesures manquantes. Parmi les 20 mesures "en cours", l'extension des horaires du numéro d'écoute 3919 et sa mise en accessibilité aux personnes en situation de handicap est la plus attendue. Le gouvernement lancera prochainement une procédure de marché public, afin d'aboutir à un nouveau cadre juridique pour le 3919 d'ici juin ou juillet 2021. Mais cette mise en concurrence pour désigner la structure qui doit continuer à organiser ce service inquiète les associations féministes, et en premier lieu la Fédération nationale Solidarité femmes qui gère la ligne depuis 1992, car elles craignent une "fragilisation" de l'écoute des femmes.

Bond des violences durant le confinement

Le confinement décrété au printemps a entraîné une importante hausse des signalements de violences subies par les femmes et les enfants à leur domicile. Les interventions de police ont augmenté de 42% pendant cette période, le nombre d'appels au 3919 a très fortement augmenté et les signalements à la plateforme  gouvernementale arretonslesviolences.gouv.fr ont été multipliés par quatre. Dans le huis clos des domiciles, il y a eu "plus de violences", affirme Sarah, psychologue-clinicienne à l'association Léa Solidarité femmes, qui accueille plus de 450 victimes par an et a vu son activité bondir de 40% au printemps. "Les femmes étaient isolées, elles n'avaient plus la collègue, la voisine ou la copine pour les soutenir. D'un autre côté, les agresseurs étaient tranquilles chez eux et pouvaient agir en toute impunité", ajoute-t-elle. Depuis le reconfinement, les signalements sur la plateforme gouvernementale connaissent une hausse de 15%.

Tendance à la baisse des féminicides

Selon un décompte établi par l'AFP, au moins 70 femmes ont été tuées par leur compagnon ou ex-compagnon depuis le début de l'année. Ce chiffre pourrait toutefois être supérieur car une dizaine de cas sont en attente de précisions. Cela représente près de deux fois moins de féminicides qu'en 2019. L'an passé, 146 décès ont été recensés, soit une hausse de 20% par rapport à 2018, selon les derniers chiffres officiels. Deux raisons pourraient expliquer cette baisse: une plus grande vigilance depuis le "Grenelle" mais aussi un "effet confinement". Pour Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des femmes, "pendant ces semaines, pour une fois dans l'histoire, les violences faites aux femmes sont devenues une priorité pour la police, pour la justice et une priorité budgétaire aussi car nous avons reçu des dons incroyables, nous n'avons jamais reversé autant d'argent aux associations".
Selon elle, les campagnes de prévention lancées par le gouvernement, la mise en place de procédures d'urgence dans les tribunaux et la hausse des interventions des forces de l'ordre ont permis "de sauver des vies, alors même que les violences étaient en hausse".

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