« La dépression masculine est-elle sous-diagnostiquée parce qu'elle s'exprimerait différemment ? » C'est notamment à cette question que l'étude participative « Gendep », lancée en avril 2025 par l'AP-HP (hôpitaux de Paris) et l'université Paris cité, va tenter de répondre. Alors que la majorité des données obtenues concernent les femmes, les partenaires incitent les hommes concernés à témoigner. Objectif ? « Mieux comprendre » les spécificités de ce trouble dont une personne sur cinq fera l'expérience au cours de sa vie, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
Le taux de suicide plus élevé chez les hommes
Si les femmes sont deux fois plus touchées par une dépression, étant davantage exposées aux facteurs de risque biologiques, psychologiques et sociaux, le taux de suicide est trois fois plus important chez les hommes, selon les chiffres de l'Observatoire national du suicide. Un paradoxe qui interpelle et laisse entrevoir un sous-diagnostic massif chez ces derniers. Faut-il en conclure que les hommes ne consultent qu'au bord du précipice ? Que les tabous entourant la santé mentale masculine freinent encore l'expression de leur mal-être ? Ou que l'existence de symptômes spécifiques les font passer sous les radars ?
Une participation massive mais déséquilibrée
Pour percer le mystère, des milliers d'hommes et de femmes vont être interrogés durant plusieurs mois. Ils appartiennent à la cohorte ComPaRe (Communauté de patients pour la recherche) dépression. 5 000 personnes se sont déjà inscrites sur la plateforme de l'AP-HP. Le « hic » ? 80 % sont des femmes. Par souci d'équilibre, les chercheurs sont donc en quête de contributions masculines. Les participants recevront ensuite un questionnaire mensuel, établi par des psychiatres, sociologue et patients concernés, afin de décrire les principales manifestations de ce trouble psychique.
90 symptômes passés au crible
Une liste de 90 symptômes a notamment été établie pour identifier d'éventuelles dissemblances entre les sexes, comprenant notamment l'expression d'émotions comme la tristesse ou l'irritabilité, mais aussi des éléments d'avantage d'ordre comportemental, comme la consommation de substances psychoactives (alcool, tabac...), des difficultés dans les relations sociales ou encore des symptômes sexuels. L'enquête devra également déterminer de quelle manière ces symptômes interagissent et comment ils peuvent être influencés par des éléments tels que l'âge, le statut social ou les ressources économiques.
Améliorer la prise en charge
« ComPaRe dépression est la première e-cohorte francophone incluant toutes les personnes ayant vécu ou vivant une dépression, que ce soit dans le cadre d'un épisode unique, d'épisodes récurrents, d'un trouble bipolaire, ou d'un contexte périnatal », se félicite l'AP-HP. Les résultats de cette étude inédite seront dévoilés au printemps 2026. Les attentes sont élevées : « faire émerger les outils cliniques, diagnostics, pronostics, thérapeutiques de demain » mais aussi « éclairer les politiques publiques de prévention et de soins ». Pour participer, rendez-vous sur le site ComPaRe (Communauté de patients pour la recherche) dépression.
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