Film La Marginale : Vincent Chalambert, de l'Esat au cinéma

Il partage l'affiche de "La Marginale" avec Corinne Masiero, en salle le 3 mai 2023. Passionné de théâtre depuis l'adolescence, Vincent Chalambert, en situation de handicap, raconte comment le vilain petit canard est devenu un comédien à part entière

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Vincent Chalambert et Corinne Masiero ont bien des points communs. Mais ce qui les rapproche le plus est probablement leur rapport intime au théâtre. L'un, en situation de handicap, y a trouvé refuge lorsque ses camarades de classe le harcelaient. L'autre a tutoyé la rue, la drogue et la prostitution avant de monter sur les planches et de changer radicalement de vie. Le destin devait les faire se rencontrer, et c'est finalement au cinéma que le duo s'est formé. Ils incarnent respectivement Michèle et Théo dans le film La Marginale, en salle le 3 mai 2023 (voir vidéo ci-contre). Cette comédie sociale d'une heure trente raconte l'histoire d'une femme sans domicile fixe, Michèle, qui erre dans les couloirs de l'aéroport d'Orly. Elle y côtoie régulièrement Théo, un balayeur avec un handicap mental. Un jour, la « marginale » tombe miraculeusement sur une belle somme d'argent ; l'occasion rêvée pour elle de renouer avec son fils. S'engage alors un « road trip » à bord de la voiturette sans permis de Théo, jusqu'à Lisbonne.

« Corinne Masiero a senti mon potentiel »

« Au début du tournage, Corinne (Masiéro, ndlr) voulait un peu me tester. Mais, au fur et à mesure, elle a senti mon potentiel », se souvient Vincent Chalambert, qui n'en est pas à son coup d'essai en matière de cinéma. Le jeune homme âgé de 27 ans s'est fait connaître en 2018 dans Chacun pour tous dans lequel il joue le rôle de Freddie, un joueur de basket déficient intellectuel (Lire : Film : Film : Chacun pour tous, l'équipe de basket hors-normes ! ). Celui qui a débuté le théâtre pendant son adolescence « pour vaincre sa timidité », avant de travailler dans l'établissement et service d'aide par le travail (Esat la Montagne à Cormeilles-en-Parisis), enchaîne aujourd'hui les projets, soutenu par l'Agence Cristal. Située à Eragny, dans le Val-d'Oise, cette agence, adossée au théâtre du même nom, accompagne les artistes handicapés depuis 2021. L'objectif ? « Pallier au déficit de représentation du handicap dans les productions audiovisuelles », explique son fondateur, Olivier Couder, qui a pour autre challenge de « changer le regard sur le handicap dans les professions culturelles ». « Encore aujourd'hui, des réalisateurs n'imaginent pas que des personnes en situation de handicap puissent jouer », affirme-t-il.

Un film sur la marginalité

Un constat que Vincent Chalambert a pu faire à plusieurs reprises au cours de sa carrière déjà bien fournie. « Je peux m'estimer fier d'avoir joué dans deux films au cinéma et un téléfilm bientôt diffusé sur M6, explique-t-il. Sans l'Agence Cristal, ça aurait été compliqué de trouver des rôles, il y aurait eu des refus. Des acteurs valides m'auraient probablement remplacé, jouant le handicap de façon exagérée », poursuit le jeune acteur. Or qui mieux que Vincent Chalambert et Corinne Masiero pour incarner la « marginalité » dans ce film, alors même qu'ils ont connu le rejet de la différence ? « On est tous des handicapés de la vie, d'une manière ou d'une autre », expliquait justement Corinne Masiero dans une interview accordée à C à Vous sur France 5. La star de la série Capitaine Marleau, engagée à la ville comme à l'écran, admet avoir accepté le scénario pour « faire bouger les a priori et les clichés qu'on a tous et toutes ».

« J'étais le vilain petit canard »

« Il n'y a pas si longtemps, j'étais le vilain petit canard de la cour de récré. Aujourd'hui, des maquilleuses et coiffeuses sont à mes petits soins. Les réalisateurs m'apprécient en tant que comédien et ne voient plus mon handicap. C'est magnifique, se félicite Vincent. Il faut se battre pour ses rêves ». Le sien ? Que des acteurs en situation de handicap soient appelés pour des rôles sans lien avec leur handicap. « A chaque fin de tournage, je ne manque pas une occasion de dire aux réalisateurs : 'Vous vous rendez compte, ils peuvent jouer autre chose !' Et, à chaque fois, on me répond : 'Ah bah oui, c'est vrai.' Mais, on n'en est pas encore là dans les mentalités… », conclut Olivier Couder.

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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Clotilde Costil, journaliste Handicap.fr"
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