Par Vanessa Carronnier
"Le sport, c'est la liberté." Yannick, 43 ans, judoka avec autisme, assiste en spectateur passionné aux compétitions internationales des Global Games, dédiés aux sportifs de haut niveau en situation de handicap intellectuel, du 4 au 10 juin 2023. Préparer ses affaires, respecter des horaires, participer à des entraînements, nouer des relations avec les autres, apprendre à gérer de nouvelles situations... La pratique sportive permet de gagner en autonomie et de prendre confiance en soi, témoignent auprès de l'AFP sportifs concernés et entraîneurs spécialisés.
Boosteur d'autonomie
"C'est une passion", commente sobrement Jason, 34 ans, après avoir couru le 1 500 mètres sous un soleil radieux, encouragé par le public regroupé dans la zone ombragée de la tribune du stade de Vichy (Allier). L'athlète, avec trisomie 21, termine deuxième de cette épreuve des Global Games. Ce spécialiste du cross s'entraîne quatre fois par semaine. "Quand il va courir seul, il doit gérer son entraînement", souligne auprès de l'AFP son père, Jean-Marie David, 72 ans. Il estime que cette pratique a aidé son fils "à devenir autonome". "Aujourd'hui, il a son appartement, il fait ses courses, son linge". Les sportifs avec un handicap mental doivent ainsi apprendre à s'organiser pour s'entraîner au quotidien.
Apprendre à vivre en collectivité
Les compétitions peuvent elles aussi leur être bénéfiques : "Ils apprennent à vivre en collectivité, cela les fait grandir énormément", souligne Loïc Brunet, entraîneur national de demi-fond à la Fédération française de sport adapté. Un championnat, tel que celui des Global Games "leur demande beaucoup d'efforts, on casse leurs habitudes, certains horaires sont contraignants, il y a de l'attente dans la journée", ajoute-t-il. Pratiquer du sport en club ou se rendre à des compétitions "amène des interactions sociales, cela apprend" aux sportifs en situation de handicap intellectuel "à mieux comprendre les autres et à gérer de nouvelles situations", relève Anula Costa, entraîneuse principale de la délégation australienne d'athlétisme adapté, rencontrée dans l'espace de repos, dédié aux athlètes de la quarantaine de nations participant à la compétition. Assis dans la zone réservée à son pays, Lindsey, coureur australien de 26 ans, patiente avant sa demi-finale du 100 mètres. Le jeune homme participe à un championnat international pour la cinquième fois. "Le sport me permet de voyager et de rencontrer de nouvelles personnes, ça m'aide à discuter avec les gens", dit-il à l'AFP.
Prendre de l'assurance
Pour Simon Soulard, responsable du pôle France de para tennis de table adapté, le sport de haut niveau reste un outil pour que les personnes avec un handicap mental puissent "se développer et s'épanouir dans leur vie de tous les jours, dans une société qui ne leur fait pas de cadeaux". "L'aspect relationnel et social est au centre du projet sportif car ils ont besoin de cela", ajoute-t-il. Le sport permet d'apprendre à certains à "reconnaître leurs émotions et à les gérer", "se remettre en question" ou encore "vivre avec les autres". Les sportifs amateurs en situation de handicap intellectuel tirent des bénéfices similaires de leur pratique. "Ce que j'ai remarqué le plus, c'est qu'ils prennent confiance en eux car ils arrivent à faire des choses qu'ils n'imaginaient pas pouvoir réaliser", témoigne Renato Castellani, coach de judo bénévole, au sein des "4'S", association de sport adapté qu'il a créée dans une petite ville à proximité de Metz (Moselle). "Au judo, j'ai vu évoluer leur façon de se tenir et d'aller vers l'adversaire au combat, ils ont pris de l'assurance", ce qui leur permet de mieux gérer certaines situations de la vie quotidienne, ajoute-t-il.
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