Par Vanessa Carronnier
Le public a longtemps retenu son souffle... Le pongiste taïwanais Po Yen Chen a finalement battu son adversaire polonais, après plusieurs balles de match, dans une ambiance studieuse lors des Global games. Cette compétition internationale dédiée aux sportifs avec un handicap intellectuel se tient à Vichy (Allier), en France pour la première fois, du 4 au 10 juin 2023. "Ça allait", commente auprès de l'AFP l'athlète de 17 ans. "J'étais concentré sur le fait de gagner une balle à la fois." Chez les femmes, la joueuse turque Ebru Acer, 20 ans, a progressivement pris l'avantage sur son opposante hongkongaise, jusqu'à la victoire finale, saluée par des applaudissements chaleureux et des sifflements enthousiastes des tribunes.
Les Bleus sur la touche
Quant aux pongistes français, ils restent, pour l'heure, sur la touche, mais regardent déjà vers l'avenir. "C'était un beau match", observe après la finale féminine Anne Divet, 29 ans, joueuse de l'équipe de France de tennis de table adapté, éliminée lors des phases de poule. "J'aurais voulu aller plus loin, mais je reste positive, il faut passer à autre chose". Léa Ferney, qui avait remporté l'argent aux Jeux paralympiques de Tokyo, est elle aussi "déçue" d'avoir été éliminée en quart de finale, sous le regard de supporters français qui l'ont encouragé entre chaque point. La joueuse de 18 ans espère "se rattraper" en septembre au championnat d'Europe, où une autre place pour les JO de Paris 2024 sera en jeu. "Ce genre de compétition sert à s'améliorer, voir ce qu'il faut apprendre encore", ajoute-t-elle.
La "compétition de l'année"
Chez les hommes, Lucas Créange, qui avait remporté le bronze à Tokyo, a lui aussi été éliminé en quart de finale aux Global games, où la chaleur obligeait les joueurs à s'éponger régulièrement les mains et le front. "C'était la compétition de l'année, celle où il y avait le plus du monde et qui était la plus difficile à gagner", relève auprès de l'AFP Simon Soulard, responsable du pôle France de para tennis de table adapté. "Ce n'est pas ce qu'on espérait, mais il vaut mieux que ça arrive maintenant pour qu'on puisse s'en servir" et faire mieux lors des prochaines compétitions, a-t-il ajouté.
Deux titres pour la France
Parmi les pongistes présents, six Français participaient à la compétition dans la catégorie "déficient intellectuel". En parallèle, neuf Français concouraient dans une autre catégorie qui comptait 16 candidats, réservée aux sportifs avec une déficience intellectuelle associée à un handicap physique. Dans cette deuxième catégorie, qui n'existe pas aux Jeux paralympiques, la France a gagné l'or chez les femmes, comme chez les hommes. Plusieurs matchs de différentes catégories se déroulaient simultanément dans le gymnase, qui comptait neuf tables de tennis de table. "On tenait à mettre tout le monde en avant, même si les enjeux étaient différents", a précisé Adrien Dodu, le directeur du tournoi de tennis de table.
Le handicap intellectuel réintégré aux JO
"Il y a 25 ans, le niveau n'était pas du tout le même", souligne auprès de l'AFP Yves Drapeau, ancien entraîneur national de tennis de table adapté. "Avec un entraînement adapté, on arrive à les emmener loin, leur particularité, c'est aussi une force". De nombreux pays ont investi dans cette catégorie de sportifs depuis sa réintégration en 2012 aux Jeux paralympiques, selon lui, car elle représente un nouveau potentiel de médaille. Les athlètes avec un handicap intellectuel avaient été exclus des Jeux paralympiques en 2000, à la suite d'une fraude de l'équipe espagnole de basket lors de la compétition à Sydney. Elle avait été médaillée d'or alors que dix des douze joueurs ne présentaient pas de handicap.
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