"J'ai gagné mon combat contre la discrimination !", se réjouit Sinead Kane, sur Twitter. Le 26 octobre 2019, cette Irlandaise, seule ultra-runneuse de niveau mondial en situation de handicap, prendra le départ des championnats du monde à Albi (Tarn) avec ses guides coureurs qui se relaieront durant 24 heures, en compagnie des autres sportifs valides. Une victoire pour cette athlète qui, à l'origine, avait été privée de course...
Le handicap, un avantage ?
Sinead Kane avait réalisé les minima mondiaux la qualifiant pour la course d'Albi mais les organisateurs lui avaient fait savoir que la distance qu'elle aurait parcourue en 24 heures ne serait pas prise en considération. En effet, les règlements de l'association internationale d'ultra-runners (IAU) "considéraient implicitement qu'avoir un guide coureur était un avantage par rapport aux autres coureurs", a expliqué à l'AFP Me Stéphane Pagès, l'avocat de l'athlète qui a porté l'affaire devant les tribunaux. En conséquence de la non homologation annoncée de son résultat, l'équipe d'Irlande avait décidé de ne plus la sélectionner pour la course. Un message bien loin de l'inclusion prônée par Paris 2024 qui, pour la première fois dans l'histoire des Jeux, dévoile un emblème commun pour les Jeux olympiques et paralympiques (article en lien ci-dessous).
Jurisprudence pour le handicap
Estimant les règlements de l'IAU discriminatoires, une équipe internationale d'avocats a donc introduit une action devant le tribunal de première instance de Monaco, qui a effet en France, car l'IAU possède son siège en Principauté. L'assignation transmise aux organisateurs du championnat du monde en début de semaine a provoqué une rapide réaction de l'IUA qui a décidé "de changer les règles" avant que le tribunal ne statue, et ne "considère plus qu'avoir des guides coureurs est un avantage", a indiqué Me Pagès qui a plaidé le 24 octobre au matin à Monaco.La décision du tribunal, rendue l'après-midi même, considère "discriminatoire" le règlement de l'IAU qui, en cas d'absence de règle, fonde par défaut son règlement sur celui de la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF). Pour Me Pagès, "c'est une décision historique qui risque de faire jurisprudence au bénéfice des personnes handicapées".