Satoshi Uematsu, 30 ans, n'avait pas contesté être l'auteur de ce massacre à l'arme blanche dans une résidence pour personnes handicapées mentales à Sagamihara (banlieue ouest de Tokyo) en 2016, où il avait auparavant travaillé. "La vie a été enlevée à 19 personnes. C'est d'une extrême gravité", a déclaré le 16 mars 2020 le juge Kiyoshi Aonuma du tribunal de Yokohama (Japon). "Il n'y a pas de place pour la clémence", a-t-il estimé. Le ministère public avait requis la peine de mort.
Mentalement perturbé ou haineux ?
Les avocats de M. Uematsu avaient plaidé non coupable durant son procès, affirmant que leur client était "mentalement perturbé" au moment des faits en raison de sa prise de produits stupéfiants. "Il a planifié son acte à l'avance et avait une intention extrême de tuer. Nous ne pouvons pas reconnaître là qu'il souffrait de maladies mentales liées à la marijuana", a déclaré le juge. Jugé pour six chefs d'accusation, dont celui de meurtre, M. Uematsu avait déjà signalé qu'il ne comptait pas faire appel du verdict, selon les médias japonais. Mais il a aussi estimé qu'il ne méritait pas la peine capitale.
La tuerie de Sagamihara avait eu un énorme retentissement au Japon, où le taux de criminalité est extrêmement faible. M. Uematsu avait aussi choqué l'opinion publique en revendiquant sa haine des personnes avec un handicap mental et en n'exprimant aucun remords dans des entretiens accordés à des médias locaux depuis sa prison.
Des personnes handicapées contre cette sentence
Pourtant, après cette sentence Le Figaro live livre le point de vue de personnes handicapées qui, attendant le verdict devant le tribunal, s'opposent à cette condamnation : « Ca n'aurait pas dû être la peine de mort. On aurait dû lui permettre de mieux apprendre. Je pense que c'est une erreur de décider qu'Uematsu est une personne particulièrement mauvaise », explique l'une d'elle qui fait partie d'un groupe d'entraide pour personnes avec un handicap mental. Elle se dit « dégoûtée » par l'argument du tueur selon lequel « ceux qui ne peuvent pas communiquer peuvent être tués » mais ajoute « si vous le tuez à cause de ce qu'il a fait, vous faites la même chose que lui ». Un autre juge que c'est la « société qui est mauvaise car elle a créé une personne » comme lui.