11 mai 2020, jour de délivrance ? On nous a prévenus, ce n'est qu'une étape, il va falloir continuer à vivre « à distance ». Si certains magasins rouvrent leurs portes avec des mesures drastiques, le domaine de la culture va devoir encore quelques temps se serrer la ceinture… Depuis neuf semaines, nous avons appris à consommer « différemment » et la culture n'échappe pas à cette règle imposée en se virtualisant généreusement.
Une accessibilité sans effort
Frustration pour certains, sans modération pour d'autres… C'est notamment le cas d'une jeune femme en fauteuil roulant qui dit vivre une « expérience paradoxale ». « Tout est fermé mais, pour une fois, tout devient accessible sans effort », explique-t-elle. Ainsi, elle peut « enfin, aller au cinéma, au théâtre, au musée, à la bibliothèque sans demander de places spécifiques, sans démarche supplémentaire. » Et, en plus, « comble du luxe », elle peut choisir l'horaire qui lui convient ! Agathe, jeune Parisienne en fauteuil, se « félicite » à son tour, alors qu'elle est souvent freinée dans ses découvertes in situ, de la profusion d'initiatives culturelles qui a fleuri sur le web, « mettant tout le monde sur un pied d'égalité ». Les institutions ont fermé mais la culture resterait donc plus que jamais « accessible » ? Peut-être. Semaine après semaine, des initiatives digitales originales et gratuites permettre de continuer à apprendre, découvrir, s'émerveiller depuis son canapé. De l'art, du patrimoine, des spectacles, de l'histoire, des sciences...
#culturecheznous accessible
La plateforme #culturecheznous, mise en ligne le 18 mars 2020 sur le site du ministère de la Culture, a vu ses connexions exploser au début du confinement. Devenue une référence incontournable, elle propose des offres dédiées aux internautes en situation de handicap, comme par exemple l'accès à Eole, la bibliothèque numérique de l'association Valentin Haüy qui propose 50 000 titres. Dédiée aux personnes empêchées de lire (aveugles, dys…), elle permet de télécharger gratuitement jusqu'à 20 livres audio tous les 15 jours.
Une initiative pérenne
Côté musée, celui d'Arras invite à découvrir ses chefs d'œuvre en langue des signes française (LSF) sur sa chaîne YouTube tandis que celui d'Orsay, à Paris, explore ses œuvres majeures en audiodescription. La Philharmonie de Paris propose, quant à elle, de s'initier à la LSF sur le thème de la musique. « Cette plateforme a vocation à devenir pérenne », assure Thierry Jopeck, haut fonctionnaire au handicap et à l'inclusion au ministère de la Culture, qui rappelle qu'elle est « dorénavant ouverte aux propositions venant des collectivités territoriales et des associations, un apport qui amplifie considérablement tout le champ de l'accessibilité aux œuvres en ligne ». Il assure que son ergonomie répond « parfaitement » aux besoins des internautes en situation de handicap, même si certains problèmes identifiés doivent encore être améliorés.
Spécial handicap
En parallèle, la plateforme solidaires-handicaps.fr qui a, elle aussi, vu le jour aux premiers jours de la crise, abrite une proposition culturelle et de loisirs (musée, opéra, musique, cinéma, lecture, jeux…) riche dans son « espace ressources », pour une évasion à travers le monde… Une invitation à se perdre dans les salles de la Galerie des offices de Florence (Italie) ou à déambuler au milieu des trésors des musées du Vatican. Fidèle au poste, Acces culture, référente en termes de culture accessible et proposant depuis 1990 des spectacles adaptés (LSF, surtitrage, audiodescription…) dans plus de 120 théâtres et opéras en France, contrainte de suspendre ses activités, a élargi ses programmes en ligne.
Les asso en scène
Dans le champ du handicap, on peut également compter sur les associations qui dénichent de nombreuses offres pour leurs membres, en tenant compte des besoins spécifiques liés à chaque handicap. Faire de la zumba, du yoga, de la photo ou du piano ? APF France Handicap anime une page Facebook du nom de Récréaction, à suivre en restant chez soi. Elle a par ailleurs mis en ligne une page dédiée aux animations à distance. A Amiens, c'est la danseuse Lucie Crété, de l'association Danse pour tous, qui propose des cours en ligne avec un fauteuil roulant, à pratiquer en duo (vidéo ci-contre). Des exemples parmi d'autres car il est impossible de se montrer exhaustif…
La formation à fond
Le moment semble également propice à la formation tout azimut. « Cela fait un mois que je ne suis pas sortie, témoigne Stéphanie, atteinte d'une maladie congénitale. Néanmoins, comme je suis formatrice et réalisatrice, certaines de mes activités connaissent un renouveau. Certes, mon travail dans l'audio-visuel a été stoppé, mais paradoxalement les formations en ligne marchent plutôt bien en temps de confinement. » Sur le web, une enseigne de vente en ligne de loisirs à prix « groupés » s'est adaptée et propose désormais un flot d'enseignements virtuels : de langue, de décoration d'intérieur, de livre photo… Et pourquoi pas, en ces temps troublés, l'occasion rêvée de devenir coach en psychologie positive ?