Depuis un an, la disponibilité des médicaments psychotropes reste problématique, impactant lourdement les soins des patients avec des troubles bipolaires, schizophréniques ou dépressifs. Usine fermée, ruptures de stock, dépendance à des sites de production mondiaux expliquent la persistance de la crise. Des réactions en chaîne qui s'ajoutent à des problèmes de santé mentale croissants en France et dans le monde.
Un début de crise en juillet 2024
Pour comprendre l'ampleur de cette crise et les mécanismes qui en sont à l'origine, Handicap.fr a interrogé Frédéric Lavie, directeur de la recherche, de l'innovation et de la santé publique chez Leem, organisation professionnelle représentative des entreprises du médicament. Son témoignage est à retrouver en vidéo ci-contre mais aussi sur Handicap.live et les réseaux sociaux de Handicap.fr. Il nous explique les causes structurelles de cette pénurie et les actions des laboratoires pour tenter d'y remédier. « Tout a commencé en juillet 2024 avec un problème de qualité dans la production d'un antidépresseur, utilisé dans le traitement de dépressions sévères et dans certains troubles bipolaires, la quétiapine (Handicap psy : la pénurie de quétiapine sème l'inquiétude). L'usine grecque qui produisait ce médicament et approvisionne 60 % du marché français a été contrainte de fermer », précise Frédéric Lavie.
Des problèmes en cascade
Cet arrêt a entraîné un report vers d'autres molécules comme le carbonate de lithium (sans garantie d'effets similaires pour les patients), générant par la même occasion une cascade de tensions. Depuis, les relances de production restent lentes, sous des contrôles stricts, et la capacité d'autres laboratoires ne suffit pas à combler la demande actuelle. Cette problématique en chaîne, qui n'est pas sans conséquence – beaucoup de patients risquent des ruptures de soins, allant jusqu'à l'hospitalisation – met en avant plusieurs difficultés : un manque de diversification des approvisionnements, une mauvaise anticipation des tensions et une complexité administrative liée à la mise en conformité des normes européennes. Améliorer la logistique, la production et l'accès aux matières premières européennes s'impose comme priorités, selon Frédéric Lavie.
Bientôt un retour à la normale ?
Un retour « quasi à la normale » est prévu pour la fin du mois de septembre 2025 (ou début octobre), notamment pour certains dosages de quétiapine ou de carbonate de lithium, mais la situation reste fragile. « On ne peut pas garantir 100 % de la distribution des médicaments partout en France mais on est engagés auprès des autorités, des pharmaciens, des grossistes, des répartiteurs pour trouver des solutions intelligentes », conclut Frédéric Lavie.
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