Pendant quinze ans, il a défié les falaises. Aujourd'hui, Philippe Ribière se frotte à un tout autre objectif, celui du photographe. Abandonné à la naissance en 1977, ce Martiniquais d'origine doit apprendre à vivre avec un corps déformé. S'il avance pendant des années sur un fil, c'est grâce à l'escalade qu'il trouve son équilibre. Pionnier de l'handi-grimpe, il raconte à 42 ans son parcours dans le livre Faire bloc publié en 2020 (article en lien ci-dessous). L'enfant né sous X s'est fait un nom. Après le sport, l'écriture, place à la photo ! Le grimpeur devenu photographe studio en 2016 expose du 8 au 30 septembre 2022 sa série « Le handicap fait son art » à La Tribu, un espace de coworking à Montpellier. Dans cette succession de clichés, Philippe Ribière « sublime les corps abimés par la vie et les personnes mal dans leur peau ».
Le corps comme objet d'art
A l'origine de son projet : son expérience personnelle. « Mon handicap fût mon meilleur ennemi durant de longues années et jusqu'à l'âge de 30 ans. Je le détestais et, paradoxalement, ce costume intriguait les partenaires sportifs, les télévisions et les magazines divers », explique l'artiste. « Grâce à un documentaire tourné en Slovénie, je l'ai adopté, adoré, révélé en développant une forme d'égocentrisme, pour transformer ce costume en objet d'art et de séduction. » Bichrome et très contrastées, les photos réalisées par Philippe Ribière soulignent les cicatrices, les rides et les formes des corps différents. Elles montrent combien la « quête de la perfection est illusoire ».