Quelle place pour le handicap dans les programmes des 11 candidats engagés dans cette campagne présidentielle 2017 ? Comme lors des deux primaires, nous leur avons soumis le même questionnaire. Nous publions les réponses à mesure qu'elles nous parviennent… ou pas !
1. École : Partant du principe que la scolarité n'est obligatoire qu'à partir de 6 ans, prévoyez-vous « d'encourager », voire d'imposer à l'Éducation nationale qu'elle accepte les enfants en situation de handicap, notamment autistes, dès la maternelle ?
Le programme propose 8 mesures afin de construire une éducation inclusive. Parmi ces propositions, la sensibilisation des enseignants aux différents type de handicap, des parcours scolaires sans rupture, la baisse des effectifs des classes…
2. École : Combien comptez-vous créer de postes d'AESH (ex AVS) pour l'accompagnement des élèves handicapés ? A quelle échéance ? Sur quelle durée ?
Le programme prévoit la CDIsation des ASV encore précaires soit, pour la rentrée 2017, 60 000 AESH.
3. Accessibilité : Pensez-vous revenir sur le dispositif des Ad'AP (Agenda d'accessibilité programmée) ? Quelle serait votre mesure phare pour accélérer la mise en œuvre de l'accessibilité dans nos villes/entreprises/ERP/administrations/écoles… Quel budget comptez-vous y consacrer ?
Le dispositif Ad'Ap porte ses fruits. 85% des ERP sont maintenant dotés d'un Ad'Ap et un travail de conviction puis de sanction va être engagé auprès des derniers réticents. La création de la brigade d'agents de lutte contre les discriminations permettra d'effectuer les contrôles de ceux qui se contentent de faire des déclarations fallacieuses. Territoire par territoire, la situation de la chaîne d'accessibilité sera évaluée dans le cadre d'un grand plan accessibilité 2017-2022 afin que l'accès à tout pour tous soit une réalité quotidienne effective. Par ailleurs, le programme prévoit la sanctuarisation des dotations aux collectivités territoriales afin que le handicap ne soit pas une variable d'ajustement.
4. Emploi : Comment comptez-vous réduire durablement le taux de chômage des personnes en situation de handicap, aujourd'hui deux fois supérieur à la moyenne nationale ? Avez-vous un ou deux exemples concrets ?
Le deuxième grand axe du programme « handicap » est celui de l'accès et du maintien dans l'emploi. Avec plus de 13 propositions, il propose la création d'un plan pluriannuel de soutien à l'emploi en milieu ordinaire, adapté et protégé, l'aménagement des postes de travail, l'introduction dans la politique d'apprentissage d'une obligation renforcée de recrutement, l'accompagnement des jeunes en situation de handicap dans leur recherche d'un premier emploi… Viennent compléter ces axes, des propositions pour renforcer l'accès à des cycles de formation managériales des personnes en situation de handicap, afin d'en finir avec le plafond de verre et de sécuriser les évolutions professionnelles. Le candidat a visité le projet de l'association Vivre et travailler autrement, à Auneau. Dispositif innovant, il permet aux personnes concernées de trouver leur utilité sociale et de s'épanouir dans un environnement adapté à leurs besoins.
5.Emploi : Quelles mesures comptez-vous mettre en œuvre pour sauver les deux Fonds dédiés à l'emploi des personnes handicapées (Fiphfp et Agefiph) qui, par l'effet ciseau dépenses/recettes, sont condamnés d'ici moins de deux ans ?
L'atteinte de l'objectif d'embauche de travailleurs handicapés dans les entreprises et les services publics pourrait tarir la source de financement de ces deux organismes. Des réflexions sont déjà engagées qu'il faudra soutenir pour obtenir le maintien des compétences acquises, le renforcement du lien de ces organismes avec le milieu de l'entreprise et des services, pour développer une culture commune au service des personnes avec handicap qui aspirent légitimement à travailler. Le programme prévoit la poursuite de la réflexion collective avec les partenaires de l'insertion professionnelle et du maintien dans l'emploi des personnes handicapées afin de réformer et de sécuriser leur financement et de préciser leur mission dans un cadre de dialogue social renforcé.
6. Revenu : Comptez-vous augmenter l'AAH (Allocation adulte handicapé) et, si oui, de combien et à quelle échéance ?
Oui, augmentation de 10% dès l'été et accès à un revenu universel d'existence pour ceux qui travaillent de façon à améliorer concrètement les revenus. Par ailleurs, la prise en compte du revenu du conjoint dans le calcul de l'AAH sera supprimée.
7. Compensation : Comment comptez-vous réduire la disparité des aides versées par les régions/CAF/MDPH aux personnes en situation de handicap ?
Le programme prévoit un audit pour constater ces différences de traitement à l'échelle territoriale contraire aux principes de la République.
8. Compensation : Êtes-vous favorable aux remboursements à 100% par la sécurité sociale de tous les soins et outils de compensation liés aux handicaps ?
Je suis pour réviser la grille des tarifs de prise en charge de certains produits (LPPR) ainsi que les agréments des aides techniques reconnues par la MDPH. Promotion, stimulation des innovations technologiques avec notamment la participation des personnes concernées elles-mêmes.
9. Aidant : Êtes-vous favorable à un statut juridique unique des aidants familiaux leur donnant accès à la formation et à une compensation financière ?
Oui, le programme le propose. Le statut d'aidant sera renforcé et étendu pour donner droit à une reconnaissance et à un accompagnement personnalisé dans tous les domaines de la vie. Il ouvrira de nouveaux droits pour la personne : assistance au maintien dans l'emploi avec un suivi adapté, droit à un accompagnement psychologique, ouverture de congés spécifiques, droit à une formation adaptée au rôle de l'aidant. Le programme prévoit également la création de structures de répit innovantes, la reconnaissance d'un temps de répit…
10. Accueil : Près de 8 000 adultes et enfants sont exilés en Belgique, faute de places dans les établissements médico-sociaux de notre pays. Quelles mesures pour limiter cet exode ?
Le programme prévoit de renforcer les moyens des MDPH, avec une dotation supplémentaire de l'Etat de 40 millions d'euros.
Question bonus…
Seriez-vous prêt à nommer 6% de vos ministres en situation de handicap (même quota que pour les entreprises) dans votre gouvernement ? Même question en matière de personnel ? Et à appliquer concrètement l'avis du conseil de l'Europe sur l'instauration des quotas aux élections législatives et locales pour les personnes en situation de handicap ?
Le handicap n'est pas une compétence, c'est un état que nous devons considérer du point de vu des capacités plutôt que des déficits. Pourquoi pas un(e) ministre avec handicap (et pas seulement visible) aux finances, à la jeunesse, aux sports ou à l'Education… En tout cas, pas forcément aux droits des personnes handicapées. Pour ce qui est des personnels, la loi doit s'appliquer. Par contre, je ne suis pas favorable aux quotas mais la discussion est ouverte.