Quelle place pour le handicap dans les programmes des 11 candidats engagés dans cette campagne présidentielle 2017 ? Comme lors des deux primaires, nous leur avons soumis le même questionnaire. Nous publions les réponses à mesure qu'elles nous arrivent… ou pas (en lien ci-dessous) !
1. École : Partant du principe que la scolarité n'est obligatoire qu'à partir de 6 ans, prévoyez-vous « d'encourager », voire d'imposer à l'Éducation nationale qu'elle accepte les enfants en situation de handicap, notamment autistes, dès la maternelle ?
Oui, avec le personnel nécessaire.
2. École : Combien comptez-vous créer de postes d'AESH (ex AVS) pour l'accompagnement des élèves handicapés ? À quelle échéance ? Sur quelle durée ?
Autant et tant que nécessaire, immédiatement.
3. Accessibilité : Pensez-vous revenir sur le dispositif des Ad'AP (Agenda d'accessibilité programmée) ? Quelle serait votre mesure phare pour accélérer la mise en œuvre de l'accessibilité dans nos villes/entreprises/ERP/administrations/écoles… Quel budget comptez-vous y consacrer ?
Il faudrait aussi imposer aux bétonneurs comme Bouygues de réaliser ces travaux à prix coûtant, partout où cela est nécessaire. L'État pourrait embaucher des travailleurs pour réaliser ces aménagements dans les bâtiments publics, en y mettant autant d'argent qu'il faut. Quand un gouvernement décide d'aider les entreprises, il ne compte pas, qu'il en fasse de même pour tout ce qui est indispensable à la vie quotidienne des êtres humains. La mise en conformité des bâtiments publics devait être effective d'ici à 2015. Encore une fois, les moyens d'application de cette loi n'ont pas été donnés, ce qui la rend en bonne partie inefficiente. Ministres et présidents font semblant de se soucier de la situation des personnes handicapées, mais ils n'ont jamais voulu prendre des mesures réellement contraignantes, ni même mettre les moyens. Pourtant, obliger des grands groupes comme Carrefour ou Auchan à financer des travaux d'aménagement pour tous les commerces serait la moindre des choses. Ces groupes ont largement de quoi financer cela, et rapidement. Ce serait une utilisation de l'argent de l'État bien plus utile et bien plus rationnelle que tous ces cadeaux fiscaux donnés généreusement aux mêmes grands groupes de la distribution et du bâtiment.
4. Emploi : Comment comptez-vous réduire durablement le taux de chômage des personnes en situation de handicap, aujourd'hui deux fois supérieur à la moyenne nationale ?
La loi oblige théoriquement les employeurs de plus de 20 salariés à occuper 6% de personnes souffrant d'un handicap. Cette loi n'est absolument pas appliquée. Les dernières statistiques publiées, celles de 2014 pour le privé, indiquent que seulement 3,6% de salariés handicapés y sont occupés car bon nombre d'employeurs préfèrent payer des pénalités que de respecter la règlementation. Quant au secteur public, si la situation s'est améliorée en 2015 dans la fonction publique territoriale (6,22% d'emplois pour personnes handicapées), elle n'est que de 4,18% dans la fonction publique de l'État. Ce dernier, non content de diminuer les fonds publics et en particulier les aides à la santé, ne respecte même pas les lois qu'il est censé faire appliquer. Il faut mettre en place de véritables moyens de contrainte sur le plan pénal pour astreindre les employeurs à cette obligation.
5. Emploi : Quelles mesures comptez-vous mettre en œuvre pour sauver les deux Fonds dédiés à l'emploi des personnes handicapées (Fiphfp et Agefiph) qui, par l'effet ciseau dépenses/recettes, sont condamnés d'ici moins de deux ans ?
Pour le CICE (Crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi, ndlr) l'État ne compte pas, qu'il fasse de même et qu'il prenne les mesures pour sauvegarder ces fonds.
6. Revenu : Comptez-vous augmenter l'AAH (Allocation adulte handicapé) et, si oui, de combien et à quelle échéance ?
De la même façon qu'il ne faut pas de salaire ni de retraite inférieurs à 1 800 €, il ne faut pas d'allocation inférieure à 1 800 €.
7. Harmonisation : Comment comptez-vous réduire la disparité des aides versées par les régions/CAF/MDPH aux personnes en situation de handicap ?
La décentralisation et le transfert des charges de l'État vers les régions ont multiplié les tracasseries administratives. Un service public centralisé du handicap et de la perte d'autonomie est nécessaire ainsi que l'alignement des aides vers le haut.
8. Compensation : Êtes-vous favorable aux remboursements à 100% par la sécurité sociale de tous les soins et outils de compensation liés aux handicaps ?
Oui, je suis favorable au remboursement à 100% par la sécurité sociale de tous les soins et outils de compensation liés aux handicaps. De la même façon qu'elle prend bien en charge aujourd'hui les actes qui permettent à l'organisme humain de mieux fonctionner -prothèses, transplantations d'organes, lourdes chirurgies réparatrices…- la collectivité devrait aussi prendre en charge toutes les aides externes qui sont indispensables aux êtres humains pour continuer de vivre dignement : que ces aides soient matérielles (fauteuils, appareils, installations ergonomiques…) ou humaines.
9. Aidant : Êtes-vous favorable à un statut juridique unique des aidants familiaux leur donnant accès à la formation et à une compensation financière ?
Oui, je suis favorable à un statut juridique unique des aidants familiaux leur donnant accès à la formation et à une compensation financière.
10. Accueil : Près de 8 000 adultes et enfants sont exilés en Belgique, faute de places dans les établissements médico-sociaux de notre pays. Quelles mesures pour limiter cet exode ?
Ce qu'il faut, c'est un véritable service public d'accompagnement et d'aide à l'autonomie et que l'État arrête de se défausser des intérêts de la collectivité. Combien de services d'aide à l'accompagnement auraient pu être ouverts et fonctionner, combien d'établissements médico-sociaux avec les 40 milliards donnés au titre de « l'aide aux entreprises » (en tout cas d'aide... à leurs profits), à ce titre dans le seul dernier quinquennat ?
Question bonus…
Seriez-vous prêt à nommer 6% de vos ministres en situation de handicap (même quota que pour les entreprises) dans votre gouvernement ? Même question en matière de personnel ? Et à appliquer concrètement l'avis du conseil de l'Europe sur l'instauration des quotas aux élections législatives et locales pour les personnes en situation de handicap ?
Je ne serai pas élue, donc un engagement de ma part ne serait pas crédible. Mais je rappelle qu'il a fallu une loi pour que les femmes aient le droit de vote et donc exercer des responsabilités politiques. Si aujourd'hui les personnes en situation de handicap n'occupent pas ces fonctions, ou seulement à titre exceptionnel, c'est qu'en amont rien n'est fait pour leur permettre d'être en mesure d'y accéder : formation, revenus, emploi, prise en charge des aides matérielles et humaines. Ce ne sont pas les capacités humaines qui font défaut, la preuve : Beethoven, Glenn Gould, Petrucciani, Ray Charles étaient handicapés, la peintre Frida Kahlo, et Stephen Hawkings, célèbre mathématicien et scientifique. Alors pourquoi pas en politique ?
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