Projet de loi au Sénat : "le plein emploi à tout prix"?

Le projet de loi pour le plein emploi est en débat au Sénat. Il prévoit notamment de faciliter les sanctions pour les allocataires RSA ne respectant pas leurs obligations. Certaines voix pointent une "logique de stigmatisation des plus précaires".

• Par
Illustration article Projet de loi au Sénat : "le plein emploi à tout prix"?

DERNIERE MINUTE DU 12 JUILLET 2023

Le projet de loi "pour le plein emploi" a été adopté en première lecture par le Sénat dans la nuit. Le vote a été acquis par 250 voix "pour" et 91 "contre" (les trois groupes de gauche).

Un sac à dos numérique pour les travailleurs handicapés

Sur le volet handicap, le Sénat a voté un amendement du gouvernement créant "un sac à dos numérique" qui retracera les aménagements dont les travailleurs en situation de handicap ont bénéficié au cours de leur vie, afin de faciliter leur mobilité. Philippe Mouiller (LR) s'est félicité que le texte ait été "profondément remanié pour lutter contre la recentralisation". A gauche, la socialiste Emilienne Poumirol a jugé qu'il "fait porter la responsabilité du chômage sur les personnes les plus fragilisées par la vie". 

ARTICLE INITIAL DU 11 JUILLET 2023

Par Véronique Martinache

Le Sénat, à majorité de droite, s'attelle à partir du 10 juillet 2023, au projet de loi "pour le plein emploi", qui doit notamment mettre en place un suivi plus directif des allocataires du RSA et va se heurter à la franche opposition de la gauche. Défendant l'idée que "nul n'est inemployable", il contient notamment des mesures en faveur des personnes handicapées : priorité à l'emploi en milieu ordinaire, droits des travailleurs d'Esat améliorés, accès simplifié en cas d'invalidité (Lire : Plein emploi en 2027 : les mesures en cas de handicap! )... Au total 500 amendements seront discutés d'ici le 13 juillet sur ce texte, a priori le dernier à l'ordre du jour du Sénat avant la pause estivale. L'Assemblée nationale l'examinera à son tour en première lecture à l'automne.

5 % de chômeurs en 2027 ?

Porté par le ministre du Travail Olivier Dussopt, il doit donner naissance au réseau France Travail, incluant Pôle emploi comme opérateur principal, pour mieux coordonner les acteurs du service public de l'emploi. L'exécutif mise sur cette transformation pour atteindre le plein emploi, soit un taux de chômage autour de 5 % en 2027 (contre 7,1 % actuellement). Concrètement, il s'agit d'avoir la même procédure d'entrée pour toutes les personnes en recherche d'emploi ou rencontrant des difficultés d'insertion, quelle que soit la porte à laquelle elles frappent.

Mission : sortir du RSA !

Aujourd'hui seuls 40 % des bénéficiaires du Revenu de solidarité active (RSA) sont à Pôle emploi. Chaque inscrit à France Travail signera "un contrat d'engagement", y compris les allocataires du RSA et les jeunes suivis par les missions locales. C'est dans ce cadre qu'un accompagnement rénové des allocataires du RSA est aujourd'hui expérimenté dans 18 départements avec la question sensible des 15 à 20 heures hebdomadaires d'activité (immersions, remises à niveau, rédaction de CV...). "La vraie solidarité, c'est aider à sortir" du RSA, a plaidé Olivier Dussopt, le 10 juillet, sur Public Sénat. Les sénateurs ont prévu en commission que ce contrat fixe une durée hebdomadaire d'au moins 15 heures d'activité, alors que le gouvernement privilégie la souplesse pour prendre en compte les situations particulières.

Stigmatisation des plus précaires ?

Dans la même "logique de droits et devoirs", le projet de loi rend plus facile la mise en œuvre de sanctions pour les allocataires ne respectant pas leurs obligations. Avant le couperet d'une radiation -peu appliqué- le versement du RSA pourra être suspendu en cas de manquement, avec une régularisation rétroactive lorsque la personne respecte à nouveau ses engagements. Les sénateurs ont limité à trois mois de RSA les sommes qui pourront ainsi être versées rétroactivement. Deux motions de rejet en bloc ont été déposés sur ce projet de loi qui devrait voir s'affronter deux visions de la société. Pour le groupe écologiste, ce texte, "qui aurait dû s'appeler le 'plein emploi à tout prix',  reflète la logique de l'exécutif et de la minorité présidentielle : faire travailler tout le monde, qu'importe le type d'emploi". "Il fait fi de la violence sociale, économique et symbolique que ce texte infligera aux plus fragiles." Les socialistes sont "profondément opposés à la philosophie du texte", pointant comme les communistes "une logique de stigmatisation des plus précaires".

Pôle emploi maintient son nom

Pour la rapporteure du texte au Sénat, Pascale Gruny (LR) (en photo ci-dessus), "le plein emploi ne pourra être atteint qu'à condition de mettre en œuvre un accompagnement donnant un contenu réel aux droits et devoirs des demandeurs d'emploi". A son initiative, les sénateurs ont maintenu le nom de Pôle emploi, pour "éviter toute confusion" avec le réseau France Travail. Le gouvernement avait prévu que Pôle emploi s'appelle lui-même France Travail au 1er janvier 2024 et soit l'opérateur en chef de ce réseau.

Le texte comporte également un volet sur le handicap et un troisième sur la petite enfance, qui reconnaît les communes comme "autorités organisatrices" de l'accueil, avec mission de recenser les besoins, informer les familles et construire l'offre.

Partager sur :
  • LinkedIn
  • Twitter
  • Facebook
« Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© (2024) Agence France-Presse.Toutes les informations reproduites sur cette page sont protégées par des droits de propriété intellectuelle détenus par l'AFP. Par conséquent, aucune de ces informations ne peut être reproduite, modifiée, rediffusée, traduite, exploitée commercialement ou réutilisée de quelque manière que ce soit sans l'accord préalable écrit de l'AFP. L'AFP ne pourra être tenue pour responsable des délais, erreurs, omissions qui ne peuvent être exclus, ni des conséquences des actions ou transactions effectuées sur la base de ces informations ».
Commentaires0 Réagissez à cet article

Thèmes :

Rappel :

  • Merci de bien vouloir éviter les messages diffamatoires, insultants, tendancieux...
  • Pour les questions personnelles générales, prenez contact avec nos assistants
  • Avant d'être affiché, votre message devra être validé via un mail que vous recevrez.