Le sport, meilleur antidépresseur ? Il serait 1,5 fois plus efficace que la médication pour lutter contre les symptômes de détresse psychologique, selon une étude du British journal of sports medicine. La pratique d'une activité physique régulière a en effet un impact positif sur la santé mentale et le bien-être de manière générale : diminution du niveau de stress, amélioration du sommeil, renforcement de l'estime de soi… Permettant « d'exprimer et de canaliser ses émotions, elle est particulièrement bénéfique pour les personnes exposées aux troubles anxieux ou aux dépressions », observe l'association PSSM (Premier secours en santé mentale) France, qui lutte contre la stigmatisation des troubles psychiques.
Un puissant levier contre les préjugés
Le sport représente également, pour les personnes avec des troubles psychiques ou d'autres types de handicap, un espace d'épanouissement et de sociabilisation, essentiel pour lutter contre l'isolement... et les idées reçues. « Je tiens à souligner l'importance du sport comme outil de déstigmatisation, martèle sa présidente, Muriel Vidalenc. Lorsque des personnes avec et sans handicap pratiquent ensemble, les préjugés s'effondrent naturellement. Les compétences et la persévérance prennent le pas sur les différences apparentes. »
Un allié précieux à rendre accessible à tous
« Le sport, bien plus qu'un simple moyen de se dépenser est donc un moteur de changement et un allié précieux pour la santé mentale et physique. En le rendant accessible à toutes et tous, quelles que soient leurs capacités, nous œuvrons pour une société plus inclusive, solidaire et en meilleure santé », insiste PSSM France, qui propose une formation « efficiente » de secourisme en santé mentale, ouverte à tous, « pour ne plus rester impuissant face à la souffrance psychologique d'un proche » (Un jour avec les Premiers secours en santé mentale). Six ans après sa création, l'association vient de franchir la barre des 180 000 secouristes. Parmi eux, Raphaël Poulain, ex-rugbyman de haut niveau, témoigne des effets positifs du sport en cas de détresse psychologique.
Stimule la sécrétion des « hormones du bonheur »
« Il permet de se fixer des objectifs, offre une opportunité de se projeter et peut ainsi s'avérer très motivant (...) », explique l'athlète. Le sport stimule également la sécrétion d'hormones par le cerveau, telles que les endorphines. Surnommées « hormones du bonheur » ou du « plaisir », elles sont connues pour lutter contre le stress et entraîner un état de bien-être physique et psychologique, voire d'euphorie.
Ne pas dissocier la santé mentale et physique
Pour Raphaël Poulain, l'activité physique est ainsi un moyen efficace de maintenir un équilibre entre le corps et l'esprit. « Nous avons souvent tendance à dissocier la santé mentale de la santé physique, mais le bien-être du corps influence directement celui de l'esprit et vice versa. Le corps somatise les maux psychologiques, ce qui signifie que les problèmes mentaux peuvent se manifester physiquement », explique l'ancien joueur du stade Français, militant pour briser les tabous sur la dépression chez les sportifs de haut niveau, l'ayant lui-même éprouvée (Sport de haut niveau : quels risques pour la santé mentale?).
6 conseils pour débuter le sport avec un trouble psychique
Mais alors, comment intégrer une activité physique dans sa routine lorsque son moral est au plus bas ? L'ex-champion prodigue six conseils : comprendre en quoi c'est important, commencer en douceur, chercher le plaisir et non la performance, tester différentes activités, ne pas se mettre la pression, être régulier et trouver son rythme. « Comparer son niveau aux professionnels vus à la télévision ou à des amis plus avancés peut être décourageant. Il est important de se rappeler que le but est de se sentir mieux, pas de performer à un niveau élevé immédiatement », explique Raphaël Poulain, invitant à réaliser une ou deux séances par semaine au début. « L'important est de trouver un rythme qui ne crée pas de stress supplémentaire. »
Ne pas tout miser sur le sport !
Évoquant les limites du sport, il exhorte toutefois à ne pas le considérer comme une « panacée ». « Il peut certes apporter des bienfaits significatifs, mais il ne remplace pas les traitements médicaux ou psychologiques nécessaires pour les dépressions sévères. Le sport peut être une partie d'une approche holistique du traitement, en complément de la médication et de la thérapie. Le corps fait du bien à la tête mais la tête doit aussi être entretenue par un accompagnement philosophique, psychologique et spirituel », précise le secouriste, confiant avoir développé une addiction au sport – pratiquant 3 à 4 heures par jour – à l'issue de sa carrière, qui a subitement pris fin à 25 ans, notamment en raison de blessures répétées. Une relation « extrême, dénuée de sens et excessive », dépeint le quadragénaire qui a désormais appris à « sortir du cadre stéréotypé de la performance masculine ». Tout est une question « d'équilibre ».
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