Fadila Khattabi, la nouvelle ministre déléguée au Handicap a pris ses fonctions le 20 juillet 2023, après avoir été nommée par la première ministre Elisabeth Borne, lors de son deuxième remaniement. Elle remplace Geneviève Darrieussecq qui est revenue, depuis, sur ses terres natales, dans les Landes. La nouvelle figure du ministère des Solidarités saura-t-elle convaincre ? Celle qui est réputée « cash », « blagueuse » et « professorale » (Lire : F.Khattabi : forte personnalité et franc parler au Handicap) est attendue au tournant avec sa collègue Aurore Bergé, ministre des Solidarités et des Familles (Remaniement : Aurore Bergé et Fadila Khattabi au Handicap). Feront-elles l'unanimité parmi les associations du champ du handicap ? Réponses...
Lassitude et désillusion
En deux mots : « lassitude » et « désillusion » sont les sentiments les plus partagés. La plupart des associations restent peu convaincues par ce changement ministériel. « Emmanuel Macron a inscrit son nouveau gouvernement dans une orientation de 'continuité', il est vraisemblable que le changement de titulaires des ministères des Solidarités et du Handicap ne changera rien à ce qui est en cours », déplore Vincent Assante, président de l'Association nationale pour l'intégration des personnes handicapées moteurs (ANPIHM). « Et compte tenu des très grandes insuffisances de la politique gouvernementale dans tous les domaines faisant société, l'optimisme ne peut pas être de mise », poursuit-il. Même frilosité du côté du Groupe polyhandicap France. « Changer de ministre au bout d'un an, quand on représente des personnes en situation de handicap bien spécifique, c'est un peu décourageant », confie Marie-Christine Tezenas du Montcel, la présidente. Et de s'inquiéter du manque d'expertise de Fadila Khattabi sur « la singularité du polyhandicap ».
Des inquiétudes persistantes
Des préoccupations partagées par le Collectif handicaps, qui réunit une cinquantaine d'associations. Il regrette notamment l'absence du mot « Autonomie » dans l'intitulé du portefeuille d'Aurore Bergé et déplore « le fait que le président de la République n'ait pas eu un mot pour les citoyens en situation de handicap dans son discours d'installation du nouveau gouvernement ». Ces deux nouvelles nominations permettent toutefois de rappeler les attentes des personnes concernées et de leurs représentants, avec un « cap précis » : « le respect des droits fondamentaux des personnes en situation de handicap, de leurs familles et des aidants », souligne le Collectif, dans une logique nécessaire de « co-construction ».
Une méthode et un cap précis réclamés
L'Unafam (association de personnes avec un handicap psychique), par la voix de sa présidente, Marie-Jeanne Richard, réclame également un changement de boussole, notamment au regard de la dernière Conférence nationale du handicap (CNH), « très en deça des besoins pour construire une société réellement inclusive et solidaire ». Pour elle, un maître-mot : urgence. « Il est urgent de faire une place au handicap psychique dans les politiques publiques, urgent de comprendre les attentes et les besoins des personnes concernées et de leur famille, urgent de comprendre qu'une compensation adaptée de ce handicap se conjugue avec une amélioration de la santé des personnes et de leurs aidants », martèle-t-elle. « Il est urgent de donner un souffle nouveau à la politique publique du handicap », complète le Collectif handicaps. Le Groupe polyhandicap France invoque plutôt la constance en « conservant le même directeur de cabinet et les mêmes conseillers qui sont compétents et qui ont accompli dans des conditions difficiles un excellent travail au cours de cette année », au regard des engagements « imprécis » pris à la Conférence nationale du handicap, sur lesquels les associations fondent globalement toutes leurs espoirs (Lire : CNH : mesures intéressantes mais pas la refondation espérée ).
Un vaste chantier
Pour plus de précisions, l'Unapei réclame, notamment, que ces mesures « soient mises en œuvre rapidement, avec un calibrage budgétaire cohérent, pour les personnes sans solution adaptée, qui se comptent par dizaine de milliers partout sur le territoire ». Le chantier est vaste et immédiat. Les vacances des deux ministres s'annoncent d'ores et déjà studieuses avec en perspective la rentrée scolaire, suivie de la stratégie autisme et celle dédiée aux aidants, attendues pour l'automne.
© Twitter Aurore Bergé