Santé mentale, grande cause nationale : un RDV manqué

Un an après l'annonce d'un engagement national pour la santé mentale, le député Sébastien Saint-Pasteur dresse un bilan sévère : les moyens et la visibilité manquent, au détriment des personnes handicapées et de leurs aidants.

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Une femme, l’air triste, les bras fermés, adossée contre un mur grisâtre.

Par Charlotte Causit

« Le compte n'y est pas », estime le rapporteur de la commission parlementaire sur la prise en charge de la santé mentale et du handicap, Sébastien Saint-Pasteur, un an après que le sujet eut été érigé en « grande cause nationale » (Santé mentale, grande cause 2025: sujet sous-estimé et tabou). La France « n'est pas tout à fait au rendez-vous », précise le député socialiste de Gironde, le 22 septembre 2025, auprès de l'AFP en visitant des établissements de l'agglomération bordelaise. Le handicap et la santé mentale sont « deux sujets qui se rejoignent par rapport aux délais et aux difficultés de prise en charge mais aussi dans le manque de professionnels », a-t-il ajouté. Les conclusions de la commission d'enquête sont attendues avant la fin de l'année.

Dans les IME : l'attente et l'épuisement

Dans un institut médico-éducatif (IME) pour jeunes autistes à Gradignan, M. Saint-Pasteur a échangé avec des mères de famille sur les difficultés à obtenir une place. Ces proches ont aussi évoqué leurs angoisses liées au manque de perspectives à long terme, ainsi que l'épuisement des aidants. « On est aujourd'hui une dizaine de députés à faire ce travail de terrain (sur l'ensemble du territoire, NDLR) pour essayer de rassembler des informations qui pourront nourrir les préconisations. Et la parole des familles, qu'on entend peu, est essentielle », a souligné le député.

Des professionnels en sous-effectif chronique

« Les professionnels que j'ai rencontrés souffrent du manque de moyens mais aussi du manque de pilotage des politiques publiques », a relevé M. Saint-Pasteur. L'élu a notamment dénoncé les crédits non reconductibles alloués chaque année par les Agences régionales de santé (ARS). « Quand les institutions n'ont qu'un an de visibilité, elles recrutent en CDD ou en intérim. Cela coûte 20 % plus cher et ça ne permet pas de mettre dans la durée des salariés qui ont besoin de formation », a-t-il expliqué.

Les hôpitaux psychiatriques sous tension

Le député s'est ensuite rendu au centre médico-psychologique (CMP) de Pessac, où il a pris connaissance des dispositifs ambulatoires. Il s'est également déplacé à l'hôpital psychiatrique Charles Perrens à Bordeaux. Là, il a échangé avec les agents des plateformes d'appels 3114, qui assurent la prévention du suicide – plus de 9 000 suicides surviennent chaque année en France (3114 : un numéro disponible H24 pour prévenir le suicide). « Ces dispositifs gagneraient à être plus connus, c'est comme ça qu'on fait progresser la prévention et qu'on évite l'hospitalisation parce que les urgences, notamment psychiatriques, sont sous très forte tension », a affirmé l'élu girondin.

© Stocklib lightpoet

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