Par Vanessa Carronnier
Plus d'un millier d'athlètes avec un handicap mental ou autistes, originaires d'une quarantaine de pays différents, vont s'affronter lors de la 6e édition des Global Games, qui se tient à Vichy (Allier) du 4 au 10 juin 2023. Ces sportifs de haut niveau, sélectionnés par leur nation, défendront leurs couleurs dans douze disciplines officielles, dont l'athlétisme, le basket, la natation ou encore le taekwondo.
Seulement 3 disciplines aux Jeux paralympiques
"Il s'agit de la plus grande compétition pour ces athlètes, puisque la plupart d'entre eux n'ont pas accès aux Jeux paralympiques", souligne auprès de l'AFP Marc Truffaut, président de la Fédération française de sport adapté (FFSA), chargée d'organiser l'édition 2023 des Global Games, qui ont lieu tous les quatre ans. Aux Paralympiques, trois sports seulement sont ouverts aux athlètes avec un handicap intellectuel : l'athlétisme, la natation et le tennis de table. Leur catégorie avait été exclue de la compétition jusqu'en 2012, à la suite d'une fraude de l'équipe espagnole de basket médaillée d'or aux Jeux paralympiques de Sydney en 2000 alors que dix de ses douze joueurs ne présentaient pas de handicap. Dans ces trois disciplines, la performance aux Global Games compte désormais pour se qualifier pour les Jeux paralympiques.
Participer : "un rêve"
Anne Divet, qui participe aux épreuves de para tennis de table adapté, espère atteindre cet objectif. "Beaucoup de pays seront présents, il va y avoir des adversaires importants à battre", commente la joueuse de 29 ans, originaire du Poitou-Charentes, qui se dit "prête" pour la compétition bien qu'"un peu stressée". Son entraîneure, Amandine Bauduin, l'aide à travailler sa "gestion des émotions" et sa "confiance en elle". "La pression va monter mais nous avons une très bonne ambiance dans l'équipe de France", estime-t-elle.
Trois catégories
Cette année, les athlètes qui participent aux Global Games sont répartis en trois catégories. La première correspond aux sportifs présentant une déficience intellectuelle, la deuxième à ceux qui présentent une déficience intellectuelle associée à un handicap physique ou sensoriel. La troisième, intégrée pour la première fois à la compétition, concerne les personnes autistes, déficientes intellectuelles ou non. "On s'est inspiré du modèle français, qui compte plusieurs catégories, pour ouvrir plus largement cette compétition", précise Marc Truffaut, également président de la Fédération internationale de sport adapté, Virtus. Autre nouveauté cette année : le karaté et le judo font leur entrée au programme des compétitions.
"Montrer qu'on existe"
"C'est un rêve de participer aux Global Games, pour tout le monde", confie à l'AFP Maxime Guhur, quatre fois champion de France de para judo adapté. Agé de 25 ans, originaire de Normandie, ce passionné de judo espère "remporter une belle médaille" et surtout, se "faire plaisir". Les Global Games, c'était aussi l'objectif de Cécile Brunacci, membre de l'équipe de France de para basket adapté. "J'ai fait tout ce que j'ai pu pour pouvoir y participer", témoigne-t-elle. Cette athlète de 32 ans, originaire de Bretagne, se réjouit d'affronter bientôt différentes équipes aux "styles de jeu" variés : "C'est l'occasion de montrer qu'on est là, qu'on existe, les gens ne connaissent pas le sport adapté." Elle regrette de ne pas pouvoir bénéficier de la visibilité offerte par les Paralympiques, une situation qu'elle juge "totalement injuste" : "On paye pour une faute qui n'est pas la nôtre", dit-elle en évoquant l'affaire de la triche espagnole de Sydney.
Environ 150 athlètes français ont été sélectionnés pour participer aux jeux de Vichy. Lors de l'édition précédente, à Brisbane en Australie en 2019, la France avait remporté 87 médailles, dont 39 en or. Cette compétition est l'occasion de "montrer" ce que les personnes avec un handicap intellectuel "peuvent faire et à quel niveau", relève Renato Castellani, porte-parole de l'Unapei, qui réunit 330 associations de familles dans le domaine du handicap intellectuel. "Cela peut donner envie" à d'autres de pratiquer un sport, ajoute ce responsable associatif.