Le télésoin, étendu officiellement aux auxiliaires médicaux et pharmaciens, sera bientôt pris en charge par l'Assurance maladie. Ainsi en a décidé un décret (et son arrêté) publié au Journal officiel le 4 juin 2021, deux ans tout de même après la loi de juillet 2019 dite « Ma santé 2022 ». Il concerne également la télé expertise, qui permet à un professionnel médical de solliciter à distance l'avis de ses confrères liés à la prise en charge d'un patient.
18 corps de métiers
Jusqu'alors réservée aux médecins généralistes et spécialistes, encadrée et rémunérée depuis septembre 2018, cette consultation via vidéotransmission permettra de solliciter, en plus des pharmaciens, 17 corps de métiers différents : audioprothésiste, diététiciens, ergothérapeute, infirmier, manipulateur d'électroradiologie médicale, masseur-kinésithérapeute, opticien-lunetier, orthésiste pour l'appareillage des personnes handicapées, orthophoniste, orthoprothésiste, orthoptiste, pédicure-podologue, prothésiste, psychomotricien ou encore technicien de laboratoire médicale. Cette décision s'inscrit dans le cadre d'une transformation du système de santé rendue nécessaire par l'aggravation de la pénurie de médecins, d'une augmentation du nombre de séniors et de patients atteints de polypathologies ou de maladies chroniques.
Quelques précautions
« A l'exclusion des soins nécessitant un contact direct, en présentiel, entre le professionnel et le patient, ou un équipement spécifique non disponible auprès du patient, un auxiliaire médical ou un pharmacien peut exercer à distance ses compétences », explique l'arrêté. Cependant, le remboursement par l'Assurance maladie ne sera possible qu'après « réalisation préalable, en présence du patient, d'un premier soin par un auxiliaire médical de la même profession que celle du professionnel assurant le télésoin ».
Une pratique désormais pérenne
Une dérogation est déjà possible pour la prise en charge des patients suspectés d'infection au Covid-19 depuis le début de la crise sanitaire ; avec ce décret, le gouvernement entend pérenniser cette pratique. Cet élargissement doit encore faire l'objet d'une négociation avec chaque branche professionnelle pour déterminer le montant de la rémunération, comme c'est déjà le cas pour les orthophonistes. A noter que la limite haute des tarifs des téléconsultations ne pourra pas dépasser ceux pratiqués en présentiel. Ce dispositif pourrait démarrer début 2022.
« Pour les patients, cela veut dire un accès simplifié à un avis spécialisé, une orientation plus pertinente et potentiellement une prise en charge plus rapide », se réjouit Omnidoc, premier acteur de la téléexpertise en France. « A une époque où le nombre de patients sans médecins traitants est en forte augmentation, il était essentiel d'ouvrir cette pratique à tous les professionnels de santé », ajoute son président, Baptiste Truchot.