Violences : un guide pour outiller les femmes handicapées

Les femmes handicapées sont particulièrement exposées aux violences. Comment les identifier ? Vers qui se tourner ? Le nouveau guide de l'association FDFA apporte des réponses concrètes pour briser l'isolement et reprendre le pouvoir.

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Couverture du guide : titre «Que faire en cas de violences ?» sur fond bleu

Chaque jour, des femmes handicapées subissent violences, humiliations, menaces... parfois sans même le savoir. Pour mieux identifier et lutter contre ce fléau, l'association Femmes pour le dire femmes pour agir (FDFA) a publié, en août 2025, le guide pratique "Que faire en cas de violences ?". Objectif ? Sensibiliser les femmes en situation de handicap, leurs proches et les professionnels.

Comment reconnaître les violences ?

« Il peut être difficile de savoir si ce que l'on vit est normal ou non. On peut se sentir isolée, dépendante ou avoir peur de ne pas être crue. Il est important de savoir reconnaître les violences pour pouvoir en parler et demander de l'aide », explique le guide en préambule. Il liste plusieurs situations qui peuvent alerter – « On te fait culpabiliser », « On minimise, se moque de ton handicap », « On prend des décisions à ta place en pensant que tu n'en es pas capable », « On menace de ne plus t'aider, te fait du chantage et se fait passer pour ton sauveur/ta sauveuse »,  « On te prive de tes outils numériques et on en prend le contrôle pour te priver des autres » – et insiste sur la notion de consentement : « Dire oui clairement, librement et sans pression ». 

Le lien de dépendance à son agresseur

Violences physiques ou sexuelles ne sont, en effet, que la face visible du problème. Le guide explique aussi les violences psychologiques, économiques et celles qui peuvent être exercées par les aidants, ainsi que les privations d'outils, d'autonomie, de parole... Ce sont ces formes sourdes qui, bien souvent, empêchent de poser un mot, de porter plainte. « On peut être victime de violence de la part de n'importe qui (famille, conjoint...). La 'double peine' quand on est en situation de handicap, c'est que l'on est souvent dépendante de son agresseur. Mais cela ne veut pas dire que ces violences sont moins graves ou qu'elles doivent continuer », rappellent les auteurs.

Liste des « ressources utiles »

Une fois identifiées, à qui parler de ces violences ? « Une personne de confiance est un excellent point de départ », poursuivent-ils, avant de recommander de se tourner vers un professionnel de l'écoute (assistant social, éducateur, psychologue, médecin), des associations spécialisées et, enfin, vers les forces de l'ordre pour déposer une plainte. En complément, le guide liste plusieurs ressources, comme sa ligne nationale Écoute violences femmes handicapées (01 40 47 06 06). « Ce qui est inédit, c'est que ce numéro ne fournit pas une simple écoute, c'est un chemin vers l'indépendance et l'autonomie », assure l'association sur son site web. Autres numéros utiles : le 3919 (Violences femmes info), le 3977 (service national contre les violences pour les adultes handicapés et les personnes âgées) ou encore le 114 pour contacter les urgences en cas de handicap auditif.

14 pages en FALC accessibles à tous

Court – 14 pages –, ce livret pratique mise sur la simplicité. Il est rédigé selon les principes du FALC (Facile à lire et à comprendre), utilise un style direct, exempt de jargon inutile. Il décrit émotions et doutes, parfois invisibles mais essentiels, pour sortir du sentiment de culpabilité ou de honte. FDFA invite à une diffusion large : proche, professionnels, institutions, associations.

Un risque de violences 2 fois plus important

Les études récentes confirment ce que le guide redonne à voir. Les femmes handicapées sont surexposées à ce phénomène : elles courent deux fois plus de risques de subir des violences conjugales et sexuelles que les femmes « valides », selon l'ONU (2017). Dans son rapport Écoute, FDFA révèle que quatre femmes handicapées sur cinq qui appellent la ligne d'écoute mentionnent des violences.

Un guide essentiel pour passer à l'action

Pourquoi ce guide est essentiel ? Parce qu'il répond à un besoin urgent : combiner droits, ressources et reconnaissance. Parce que, trop souvent, les réponses institutionnelles ou policières ne tiennent pas compte du handicap - ou pire, entretiennent la honte. Parce que le guide ne parle pas à la femme en situation de handicap comme une victime passive, mais avec elle, en citoyenne. Il trace un pont : de l'écoute à l'action, du droit à la reconstruction.

© Couverture du guide « Que faire en cas de violences ? »

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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Cassandre Rogeret, journaliste Handicap.fr"
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