Dans un communiqué, le collectif Handicaps, qui regroupe 48 associations, a salué le "discours mobilisateur" d'Emmanuel Macron, lors de la Conférence nationale du handicap (CNH), ajoutant: "Reste maintenant à transformer la vie quotidienne des personnes en situation de handicap". Si ce collectif souligne des "engagements concrets" du gouvernement sur la scolarisation des enfants en situation de handicap, l'élargissement de la prestation de compensation aux aides à l'alimentation et à la parentalité, la réduction du délai à 3 mois pour obtenir une réponse à une demande d'allocations aux adultes handicapés, l'invitation à faire du handicap un enjeu des élections municipales, il regrette aussi des échanges parfois "trop policés" et un "manque de débats" avec les personnes directement concernées. Aussi, le collectif demande, comme le prévoit la loi, que le rapport qui sera issu de cette conférence donne lieu à un débat au Parlement.
Maintien de l'AAH
"Nous allons être très vigilants pour voir comment tout ceci va être mis en musique", d'autant que l'allocution du chef de l'Etat ne comportait "aucun chiffre sur les financements", a regretté auprès de l'AFP le président d'APF France Handicap, Alain Rochon. Ce responsable associatif a salué la clarification apportée par le chef de l'Etat sur l'avenir de l'allocation aux adultes handicapés (AAH), qui ne sera pas intégrée dans le futur revenu universel d'activité (RUA), mais aussi sur l'ouverture d'un débat concernant l'assistance sexuelle pour les personnes handicapées. L'AAH, actuellement versée à 1,2 million de personnes, "ne sera jamais transformée, diluée ni supprimée au bénéfice du futur revenu universel d'activité (RUA)", qui doit fusionner plusieurs allocations, a affirmé Emmanuel Macron. "Je vais être ici très clair, ça n'arrivera pas. Et donc l'AAH demeurera", a-t-il insisté. Quatre associations de défense des personnes handicapées avaient claqué la porte, la semaine dernière, de la concertation gouvernementale sur le RUA, pour marquer leur refus de voir l'AAH intégrée dans ce dispositif.
Retour des associations à la table
Le RUA, qui pourrait concerner près de 15 millions de personnes à l'horizon 2023, doit intégrer au minimum les actuels RSA, prime d'activité et allocations logement. Mais aussi, potentiellement, d'autres prestations, parmi lesquelles le minimum vieillesse et l'AAH, selon les hypothèses évoquées jusqu'à présent par le gouvernement. Désormais, "il est très important que l'ensemble des associations soient présentes autour de la table pour définir le RUA, car il touche aussi des personnes en situation de handicap qui ne sont pas forcément bénéficiaires de l'AAH mais ont une activité adaptée, partielle, et il faut qu'on prenne en compte leur situation quand on définit" le RUA, a encore détaillé le président. "Je pense que les éléments sont réunis (...) pour revenir à la table des négociations sur cette base", a commenté Alain Rochon. De son côté, Luc Gateau, président de l'Union nationale des associations de parents, de personnes handicapées mentales et de leurs amis (Unapei), a salué des avancées concernant le maintien de l'AAH, ainsi que la scolarisation et la simplification des démarches. Cependant, "le compte n'y est pas", notamment en ce qui concerne le manque de places dans les structures spécialisées, a-t-il estimé. Les 1 000 places supplémentaires annoncées sont "notoirement insuffisantes", a jugé M. Gateau, qui réclame "un plan d'urgence" pour aider les familles "gardant chez elles des personnes lourdement handicapées".
Handicap psychique et déficience visuelle : exclus ?
Pour la Fédération des aveugles de France, "des engagements ont été pris sur l'inclusion scolaire, le nombre de places en établissements ou l'accessibilité numérique", cependant "nombre de ces mesures demeurent encore floues et les dispositions concrètes pour les mettre en œuvre restent à découvrir". "Nous attendons du concret. En particulier, les personnes aveugles n'ont rien entendu sur l'accès au livre, sujet pourtant bien connu du gouvernement puisque seuls 8% sont accessibles", a souligné son président Vincent Michel dans un communiqué. Quant à l'Unafam, qui représente les familles de personnes malades et/ou handicapés psychiques, elle a déploré que cette thématique n'ait pas été évoquée. Sa présidente Marie-Jeanne Richard a exprimé dans un communiqué sa "colère de voir que les trois millions de personnes en situation de handicap psychique ont été exclues ce matin: le terme n'a même pas été mentionné". Une frustration partagée par l'Uniopss, qui rassemble les acteurs associatifs des secteurs sanitaire, social et médico-social, qui "s'étonne qu'aucune référence à ce handicap invisible touchant 3 millions de personnes n'ait été apportée".
En revanche, cette union nationale se félicite d'avoir signé, avec d'autres associations, l'État et l'Association des départements de France, une convention d'engagements visant à renforcer les capacités d'action de chaque partie prenante pour faciliter l'évolution de l'offre médico-sociale et répondre ainsi aux attentes et aux besoins des personnes et de leurs familles.