Les personnes handicapées liquident leurs droits à la retraite en moyenne trois à quatre mois plus tard que les valides, car elles ont plus fréquemment des parcours hachés et peuvent donc moins souvent bénéficier d'un départ anticipé pour "carrière longue", selon une étude publiée le 13 février 2020. L'âge de départ, en 2018, atteignait 62,4 ans en moyenne pour les personnes handicapées, contre 62,1 ans pour les personnes sans incapacité, précise cette enquête réalisée par la Drees, le service statistique des ministères sociaux, à partir de données chiffrées sur l'emploi fournies par l'Insee.
Rares sont les carrières longues
Certaines personnes en situation de handicap peuvent certes bénéficier de dispositifs de départ anticipé: au lieu de 62 ans, elles peuvent dans certains cas liquider leur retraite à partir de 55 ans pour "handicap" ou de 60 ans pour "incapacité permanente". Mais de telles situations restent exceptionnelles car "il est rare qu'une personne souffrant d'incapacité atteigne le seuil retenu par le système de retraite pour définir une carrière longue", relève l'étude. En conséquence, à 61 ans, soit un an avant l'âge légal de départ, seules 19% des personnes handicapées sont déjà retraitées, contre 42% des valides.
Allongement de la période sans emploi
Cela ne signifie pas pour autant que tous les "seniors" handicapés occupent effectivement un emploi jusqu'à leur retraite. En moyenne, entre leur 50e anniversaire et leur retraite, les personnes handicapées ne travaillent que 3,9 ans, contre 10,2 pour les valides. Pour beaucoup d'entre eux, la réforme de 2010, qui a repoussé l'âge légal de départ de 60 à 62 ans, s'est d'ailleurs surtout traduite par un allongement de cette période "sans emploi ni retraite" qui précède la liquidation des droits: cette période moyenne s'est allongée pour eux de 1,2 ans entre 2013 et 2018, alors qu'elle a baissé de 0,1 an pour les valides.
Retraite anticipée sans décote
Lors de la Conférence nationale du handicap (CNH), Emmanuel Macron a annoncé vouloir prendre en compte la spécificité du handicap dans le système universel de retraite en instaurant la possibilité d'une retraite progressive dès 55 ans pour les travailleurs concernés (article en lien ci-dessous). Il a également proposé une retraite anticipée « simplifiée dans son accès », qui tienne compte d'une durée minimale cotisée en situation de handicap, permettant de partir plus tôt, sans décote, et donnant droit à une majoration spécifique permettant d'en améliorer le montant. Autrement dit, une bonification de points pour les périodes travaillées en situation de handicap. Le gouvernement s'engage également à garantir des droits à la retraite pour les aidants, pour toutes les périodes, indemnisées ou non, pendant lesquelles l'assuré a accompagné une personne handicapée.
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